Tantôt adulé, tantôt décrié, Jorge Sampaoli ne laisse personne indifférent. Une personnalité et un caractère affirmés qui se sont forgés dans son parcours et son management atypiques. FF vous le présente en détails avant France-Argentine.
Il n’a jamais été joueur professionnel
Le technicien argentin a le football dans le sang. Une passion et une obsession malgré le fait qu’il n’ait jamais foulé les pelouses au plus haut niveau. Il était pourtant tout proche de devenir professionnel aux Newell’s Old Boys, basé à Rosario, avant qu’une double fracture tibia péroné anéantisse son rêve de gosse. Il prendra en main les équipes de jeunes du club dans les années 1990.
Ancien employé de banque
Sa carrière de footballeur brisée à seulement 19 ans, le natif de Casilda s’est réorienté et a accepté pendant quelques temps de rentrer dans le secteur bancaire pour devenir conseiller financier. Un métier pratiqué à contrecœur, lui qui aspirait à tout prix à faire son retour dans le monde du football. Parallèlement à son poste d’entraîneur des jeunes des Leprosos (surnom donné aux joueurs de Newell’s Old Boys), il fut également employé au registre civil pour arrondir ses fins de mois.
Il a fait ses gammes d’entraîneur au Pérou
Formateur au niveau amateur avec le Club Atlético Alumni, équipe de sa ville, à 34 ans en 1994, il a gravi ensuite les échelons en s’exilant au Pérou, pour faire ses débuts en première division, à Juan Aurich, en 2002. Une aventure qui a mal tourné puisqu’il a démissionné après seulement huit rencontres. Mais il a réussi à se faire un nom en Amérique du Sud lors de ses passages, de 2002 à 2007, au Sport Boys, au Coronel Bolognesi et au Sporting Cristal, trois autres formations de D1 péruvienne, qui lui ont permis de se parfaire tactiquement. Même s’il n’a glané aucun titre.
À la tête du «Barcelone des Amériques»
Après avoir pris la tête du club chilien de O’Higgins, avec lequel il a obtenu d’assez bons résultats et notamment une troisième place à l’Apertura (Championnat d’ouverture) 2008, c’est à Emelec, en Equateur, qu’il s’est vraiment fait un nom en Amérique du Sud et a impressionné le continent, atteignant la finale du Championnat en 2010 et un record de points en saison régulière. Des performances qui lui ont valu un retour au Chili, en s’emparant de la place de coach d’un ténor du Championnat, l’Universidad de Chile, au nez et à la barbe de Diego Simeone. À la U, il a gagné tous les titres nationaux en 2011 avant d’atteindre les demi-finales de la Copa Libertadores 2012. Prônant un jeu plaisant, fait de possession, son équipe était surnommé «Le Barcelone des Amériques».
Consécration avec le Chili
Arrivé sur le banc chilien sur la pointe des pieds en 2012, il en est reparti avec le costume du héros quatre ans plus tard. Après une élimination avec les honneurs contre le Brésil au Mondial 2014 (défaite 3-2 aux tirs au but) en huitièmes de finale, Sampaoli a réussi à mener la Roja sur le toit de l’Amérique du Sud, lors de la 44e édition de la Copa America disputée à domicile en 2015, dominant… l’Argentine en finale.
Nommé au titre d’entraîneur de l’année 2015
Après la victoire du Chili en Copa America (2015), Sampaoli a permis au pays de glaner son premier trophée international depuis la création de l’équipe nationale (1910). Un sacré exploit qui lui a valu d’être nommé pour le prix d’entraîneur de l’année FIFA, et même de figurer dans les trois derniers prétendants, aux côtés de Luis Enrique et Pep Guardiola. Lors de la remise des prix en janvier 2016, l’Argentin a terminé finalement sur la troisième marche du podium.
Un disciple de Bielsa
Au sujet de Marcelo Bielsa, à son arrivée à la tête du Chili, Sampaoli expliquait être, avec d’autres collègues, des «grands suiveurs de Bielsa depuis toujours, de sa philosophie, de ses idées. C’est sur quoi on s’inspire footballistiquement».Il affirmait qu’il buvait les discours d’El loco, en plus de visionner des heures de vidéos sur la gestion de Bielsa et son style proposé. En façonnant son style autour de celui de son idole avec des approches similaires dans le jeu, Sampaoli a construit sa philosophie dans la même lignée, où obsession, respect et surpassement de soi furent des idéologies inculquées à ses joueurs.
Marcos Gonzalez en a un sacré mauvais souvenir
Le cas Marcos Gonzalez en est le parfait exemple. Indiscutable défenseur de la Roja chilienne lors de la campagne éliminatoires pour la Coupe du monde au Brésil, il n’a ensuite plus été aligné dans le onze de son club de Flamengo. Sampaoli lui a alors suggéré de faire son come-back au pays pour venir chercher du temps de jeu, et ainsi être prêt pour le Mondial. Gonzalez s’est exécuté et a rejoint l’Union Espanola. Sauf que derrière, le défenseur est finalement écarté de la liste. Une affaire qui avait fait grand bruit au Chili à l’époque.
Adepte du 3-4-3
C’est dans ce système – inspiré de son idole Bielsa – que “Sampa” s’est révélé et a émerveillé l’Amérique du Sud. Un schéma tactique logique pour celui qui avouait être venu sur le banc chilien car Bielsa y entraînait. Il aimait un milieu densifié, bien étendu sur la largeur du terrain afin d’étirer et comprimer le bloc adverse. Grâce à cette formule, permettant de créer un surnombre en phase de possession de balle, il a enchaîné les titres sur le continent.
Il ferme les yeux sur les écarts de conduite
Au Chili et même ailleurs, son management faisait polémique. Arturo Vidal, victime d’un accident de la route et arrêté en état d’ébriété pendant la Copa America 2015, avait fait les gros titres des médias chiliens. Mais, considérant que le joueur du Bayern Munich était trop important dans son dispositif, le technicien avait décidé de fermer les yeux sur cet incident et n’avait pas sanctionné le joueur. De même pour Jorge Valdivia, autre international de la Roja et connu pour ses nombreuses frasques, présent à ce rendez-vous et au Mondial brésilien, disputé un an plus tôt. Ne voulant pas se passer de ses meilleurs éléments, Sampaoli est prêt à tout pour gagner, quitte à fermer les yeux sur les histoires extra-sportives.
Une vision plus «européanisée» du football
S’il s’est fortement inspiré de l’œuvre de Bielsa, il diffère de son mentor sur quelques points. Plus pragmatique, il estime que l’ordre, l’expérience et une certaine malice sont des éléments aussi primordiaux que la qualité de jeu proposé. Il a introduit des variantes tactiques, comme en dérogeant la règle des trois attaquants de pointe avec la sélection chilienne, pour n’en utiliser que deux (Alexis Sanchez et Vargas), afin de proposer un meilleur équilibre à son équipe. Pour au final, les résultats que l’on connaît.
Il aime utiliser la presse à ses fins
Contrairement à Marcelo Bielsa, le natif de Casilda est assez friand des apparitions médiatiques, et il n’hésite pas à utiliser les médias pour faire passer des messages, que ce soit à ses dirigeants ou à ses joueurs. Mais la presse peut aussi le mettre à mal : fin 2015, il a tenu des déclarations polémiques dans la presse chilienne et a été impliqué dans un grand scandale. Ses droits d’images ainsi que ceux d’autres membres de son staff avaient été reversés sur les comptes de sociétés off-shore aux Iles Vierges Britanniques, comme l’a confirmé El Mercurio. Le sélectionneur avait reçu un gros chèque en échange d’un rôle de conseiller auprès de l’Institut du football chilien. Une affaire qui a écorné son image au pays.
Dans le viseur de l’OM
Après l’ère Marcelo Bielsa à l’OM (2014-août 2015), le club phocéen avait envoyé des émissaires pour discuter avec le technicien argentin, tout juste vainqueur de la Copa America avec le Chili. Un dossier qui n’avait pas abouti, Sampaoli disposant d’une clause de 11M€, un montant trop élevé pour permettre à l’OM de le déloger. Le président Vincent Labrune est même revenu à la charge quelques mois plus tard après le limogeage de Michel. Pas contre «d’entraîner un club qui génère beaucoup de passion comme l’OM», selon ses propos relayés dans le média argentin Vorterix, Sampaoli n’avait finalement pas trouvé d’accord et avait rejoint Séville en juin 2016.
A Séville, il voulait Ben Arfa
Auteur de la saison la plus réussie de sa carrière en 2015-16 avec Nice (17 buts en L1), le joueur formé à Lyon était forcément convoité. Très séduit par les qualités techniques de l’international français (15 A Séville, il voulait Ben Arfasélections, 2 buts), Sampaoli a fait des pieds et des mains à son directeur sportif Monchi pour l’attirer à Sanchez-Pizjuan. Finalement engagé avec le PSG, HBA avait déclaré, sur le internet du club, que son transfert avorté en Andalousie ne s’était joué à rien : «À dix minutes près je signais. Un peu avant ma signature en Espagne, j’ai discuté avec le PSG, qui m’a dit d’attendre, de réfléchir, que le club me voulait vraiment. C’est le destin, c’était écrit !»
Source : Joffrey Pointlane (France Football)