Wednesday, May 8, 2024
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Le sénateur Benoît passe à succès son examen à Boston

Steven Benoît, sénateur de l'Ouest (photo de Francky Labossière)Dans une ville où le parlement haïtien n’a pas la cote, le sénateur Steven Benoît (Alternative, Ouest) a réussi une véritable gageure en attirant, hier dimanche, à Avon (banlieue de Boston) de nombreux compatriotes pour sa première visite dans la plus importante région du savoir et de la connaissance des Etats-Unis. La causerie du bouillant sénateur de l’Ouest sur les rapports entre les pouvoirs exécutif et législatif coïncidait avec la célébration, dans une église à Mattapan, du retour dans le Massachusetts du pasteur Michel Louis et de Lisa Alphonse pris en otage dans le Mont du Sinaï en Egypte le 13 juillet dernier.

Pourquoi ce sénateur attire-t-il l’attention des haïtiens de l’intérieur comme de l’extérieur ? Pour les ouvriers haïtiens, il est le père de la loi sur le salaire minimum voté au début de l’année 2009 par le parlement haïtien après environ deux années de plaidoyers en faveur de cette classe et de longues négociations avec les associations patronales et le gouvernement de René Préval. Pour la classe politique et une frange importante de la diaspora, Steven Benoît est l’élu  qui ne fuit pas ses responsabilités parlementaires pour aller à l’encontre de la majorité de ses pairs qui, trop souvent, préfèrent se ranger du côté du pouvoir par calcul politique, synonyme, dans le jargon politicien haïtien, de compromissions et de « deals, d’arrosage» de toutes sortes allant du partage des portefeuilles ministériels à la nomination des proches et des «ti zanmi» dans les missions consulaires et diplomatiques haïtiennes un peu partout à travers le monde.

Steven Benoît, un homme attentif
Hier soir, à Avon, le sénateur Benoît partageait la table de conférence avec deux autres compatriotes : notre Joseph N. Pierre, doctorat en éducation agricole de l’Université d’Oklaoma, cet expert qui a échoué dans plusieurs tentatives de mettre ses connaissances au service de son pays et Peguy Jean ( journaliste à Signal FM) venu de Port-au-Prince. Réformes à opérer en vue de rendre performante l’agriculture haïtienne par un brillant agronome/éducateur, rôle de la presse dans la reconstruction, un intéressant exposé de l’un de ces jeunes loups de la presse haïtienne …. le public suivait avec beaucoup d’intérêt, mais la vedette de la soirée était, incontestablement, le premier sénateur de l’Ouest Steven Benoît.

Tantôt le regard fixé sur ses notes attendant patiemment son tour pour faire son exposé, tantôt observant les faits et gestes du public, tantôt suivant du regard les nouveau arrivants retardataires (pour leur souhaiter la bienvenue peut-être) …. Steven Benoît est un homme politique attentif qui ne saurait attirer l’attention des uns et des autres. Enfin, le moment tant attendu : la voix rauque du sénateur tonne dans les quatre coins de la salle. Avec énergie et conviction, celui qui se présente comme l’ami «éternel » du président Martelly va captiver l’audience pendant une bonne trentaine de minutes. L’histoire récente du parlement haïtien avec ses leaders et ses laideurs, Steven Benoît la maîtrise dans les moindres détails : les différentes législations, les magouilles et les coups bas des uns et des autres, les rendez-vous manqués, les négociations «chanpwel», les séances «zenglendo», les petites victoires à l’arrachée, les volte-face et revirements politiciens de soi-disant démocrates …

Pourtant, le sénateur Benoît est à la fois confiant et inquiet. Confiant parce qu’il n’est pas seul dans ce combat pour le triomphe de la loi, pour le respect de l’institution parlementaire. A plusieurs reprises, Steven Benoît a cité les noms des sénateurs de l’OPL François Anick Joseph (Artibonite) et celui qu’il considère au sénat comme son père adoptif, Andris Riché (Grande-Anse), le pasteur qui n’a pas peur de dire tout haut ce que certains de ses collègues pensent tout bas. On se rappelle son «qu’ils aillent se faire foutre » lancé à l’occasion de la récente visite à Port-au-Prince de Cheryl Mills, Chef de cabinet de Hillary Clinton, venue «passer des ordres » encore une fois au parlement et à l’exécutif, incapables de trouver une solution à la double crise engendrée par la publication de l’amendement constitutionnel et de la formation d’un Conseil électoral permanent ou provisoire dans la perspective de l’organisation des élections municipales et locales, et pour le renouvellement d’un tiers du sénat. Inquiet, le sénateur Benoît ne le cache pas à cause de l’amateurisme constaté dans la gestion du pays au plus haut niveau. “Quand au plus haut échelon de l’Etat, l’expérience n’est pas un critère de recrutement, il y a lieu de s’inquiéter”  a-t-il confié en citant en exemple la révocation pure et simple de tous les cadres de la présidence par les nouveaux hommes forts du pouvoir en Haïti. “L’affaire du député Bélizaire n’est pas un accident de parcours. Le président a été mal conseillé sur ce dossier. Il y a beaucoup de gens dans son entourage qui ont fait comprendre à celui qu’il considère aujourd’hui encore comme son ami que l’arrestation du parlementaire était légal”.

Le sénateur Steven Benoît s’est confié à notre collaborateur Julio Midy peu avant minuit alors qu’il devait prendre l’avion très tôt ce matin à destination d’Haïti afin d’être présent à la conférence des présidents de commission du sénat ce lundi.

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