Peter Germain, Péguéro Jean Philippe et Leonel Saint Preux ne figurent pas dans la dernière liste des sélectionnés haïtiens communiquée par la FHF en vue du match amical contre le Chili à Concepcion le 19 janvier prochain. Tout de suite, observateurs de tous bords ont lié ces absences à la menace de grève des sélectionnés le jour de la demi-finale perdue 0-1 contre Cuba à Antigua, siège de la phase finale de la Coupe Caraïbe des Nations. Seraient-elles dues à des contre-performances, donc ce serait une décision technique de l’entraîneur Blake Cantero ?
Peter Germain, Péguéro Jean Philippe et Leonel Saint Preux ne figurent pas dans la dernière liste des sélectionnés haïtiens communiquée par la FHF en vue du match amical contre le Chili à Concepcion le 19 janvier prochain. Tout de suite, observateurs de tous bords ont lié ces absences à la menace de grève des sélectionnés le jour de la demi-finale perdue 0-1 contre Cuba à Antigua, siège de la phase finale de la Coupe Caraïbe des Nations. Seraient-elles dues à des contre-performances, donc ce serait une décision technique de l’entraîneur Blake Cantero ? C’est en tout cas la thèse soutenue par des officiels fédéraux à micro fermé à des commentateurs de l’émission sportive Sportissibo de Radio Ibo le mardi 8 janvier.
Si Peter Germain a semblé un cran en dessous de ses meilleures performances en Sélection Nationale, personne ne saurait méconnaître les mérites de Péguéro et, surtout, Leonel Saint Preux, auteur de deux buts à Antigua, et prestataire globalement remarquable tant par sa disponibilité offensive que par ses efforts de pressing sur les défenseurs adverses. Bref, personne n’hésite à le citer comme le meilleur Haïtien du tournoi caraïbe où nous avons terminé 3e, une des quatre places qualificatives à la Gold Cup 2013 de juillet prochain.
Péguéro n’a marqué qu’un but lors du tournoi d’Antigua. Et à Port-au-Prince en octobre de l’année écoulée, malgré ses 4 buts en trois matchs, à 32 ans et une longue période d’indisponibilité due à un genou rouillé, enrobé de quelques livres de graisse superflues, des doutes pouvaient être légitimement émis sur la capacité de l’ancien pensionnaire de la MLS américaine à tenir le coup face aux adversaires huppés de la zone. N’empêche que ses qualités de buteur obligent Cantero à lui trouver une alternative sérieuse comme unique pointe offensive.
Pas nécessaire de tomber dans la comparaison avec certains jeunes attaquants peu convaincants depuis qu’ils sont appelés en Sélection pour rejeter la thèse de la « «décision technique ». Il reste qu’un entraîneur a tout à fait le droit d’ignorer tel ou tel joueur jugé indésirable, au comportement incompatible avec la vie d’équipe. Cantona n’a pas été appelé en Équipe de France pour la Coupe du monde de 1998 pas parce que Guivarch lui était supérieur, on rirait franchement d’un tel point de vue, mais bien parce que Eric le Rouge foutait le bordel au sein du groupe France. Il arrive même que des fois un sélectionneur se voit dans l’obligation de choisir entre un joueur et un autre qui s’excluent mutuellement à cause d’inimitié profonde : Maradona aux dépens de Ramon Diaz en Sélection d’Argentine après 1982, voire Passarella en 1986, ou plus récemment Rio Ferdinand que le sélectionneur anglais oublie à la maison pour plaire à John Terry à l’occasion de la Coupe d’Europe 2012. Ces deux derniers cas sont discutables d’un strict point de vue moral, car il est difficilement soutenable de satisfaire le caprice d’un joueur alors que les intérêts nationaux sont en jeu.
Que la raison soit du côté des instances dirigeantes ou pas, la bonne méthode, pour respecter le public et les joueurs concernés par une mesure d’exclusion, est de communiquer la vérité. Ce faisant, on renforce l’institution fédérale et l’autorité du sélectionneur qui ne cachent pas leur jeu, et on fait preuve de respect pour le public qui est la justification de tout.
En fait, l’idéal eût été qu’on arrête de proclamer la fin d’une carrière internationale d’un sportif sans le moindre procès. Le cas de Hérold Junior Charles, qui aurait récidivé gravement dans ses manquements envers la Sélection Nationale après avoir bénéficié de la clémence fédérale suite à une sanction de suspension en Sélection Nationale dont personne n’a jamais connu officiellement les termes, révèle l’inefficacité de la méthode du «fait accompli» qui ignore les droits des joueurs et du public. Quand la FHF sanctionne, elle invite à croire qu’elle est sensible au respect des principes. On ne peut qu’applaudir. Mais comprend-on que la justice n’est belle, dans les cas des Germain, Jean Philippe, Saint Preux comme en d’autres, que si de vrais juges prononcent leurs verdicts sur la base de lois et que la société est clairement informée des jugements.
Patrice Dumont
