Friday, May 3, 2024
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Football-Pep a choisi

Pep GuardiolaMême si à la fin de sa carrière Guardiola a joué à Brescia et à Mexico, il est difficile de l’imaginer sous un autre drapeau que celui de la Catalogne. Quelle sensation de gêne ce sera que lors d’un match de demi-finale de Ligue des Champions Bayern-Barcelone le Catalan sera du côté bavarois ! L’homme, tant à la fois par son origine, son style personnel de joueur, ses quatre ans de règne féérique à titre d’entraîneur, incarne la mystique de son club. Le voilà désormais entraîneur du Bayern de Munich. Qu’est-ce à dire?

Tout le monde du football depuis un an avait pour Guardiola les yeux de Chimène. Il est donc logique de se demander pourquoi le Bayern est l’heureux élu ? Quoi que disent l’intéressé lui-même et son agent, le peuple du football ne peut se contenter de leurs déclarations forcément convenues. Considérons d’abord les avances repoussées ou les mariages impossibles. Dans cette catégorie, Manchester United, le club aux finances les plus saines, présentait le double écueil de ne pas vouloir dépasser un certain plafond salarial et le devoir de se courber à la volonté d’Alex Ferguson de rester ou pas. Le vieil anobli de Manchester s’accrochant encore à son poste, les regards avaient tout de suite tourné vers l’autre club de Manchester, le City. Ce n’est pas faire injure à Guardiola que d’avancer sa répugnance à retrouver en Angleterre Mourinho dont on dit partant du Real à la fin de la saison. Un de ses proches a avoué la saison dernière que Mourinho, par son goût excessif de la polémique, a poussé Guardiola au dégoût du métier d’entraîneur. À cela, il convient d’ajouter que travailler avec les riches Qataris, propriétaires récents de City, néophytes dans la gestion du football de haut niveau, souvent capricieux, n’a pas dû enchanter un homme à l’air si planificateur et habitué à recruter en fonction de profils précis des joueurs, non sur leur réputation ou les folies des dirigeants.

Vu sous ces angles, et malgré cette année sabbatique passée à New-York où il se serait mis à l’Anglais, les clubs mancuniens n’étaient pas désirables. L’option  Chelsea où Abramovich a offert 20 millions d’euros posait deux problèmes elle aussi. L’oligarque russe président a peu d’égards pour ses entraîneurs. Ce n’est pas Mourinho qui contredira cela. Ensuite, le Portugais est canonisé par les fans du club. Quel aurait été leur réaction vis-à-vis du rival de Mourinho après deux déconvenues ?

En Italie, le Milan s’était aussi manifesté. La botte aurait bien besoin d’une telle image sur un de ses bancs pour rehausser son image ternie par un manque de résultats européens, des scandales de matchs truqués et une diminution sensible du nombre de cracks étrangers, alors que dans le même temps la Liga et la Premier League flamboient. Si la marque Milan peut encore se prévaloir d’un certain prestige, les frasques socio-politiques de son propriétaire, il Cavaliere Berlusconi, couplées à une bourse évidemment moins chargée dans la Lombardie refroidirait plus d’une ardeur.

La Bundesliga souffre quant à elle d’un déficit évident de médiatisation. Il n’attire pas non plus les grands joueurs. C’est une ligne adoptée depuis fort longtemps. Mais les Allemands organisent le championnat européen le plus convivial et le plus fréquenté d’Europe. Bayern, Shalke 04 et Dortmund atteignent les 1/8e de finale de la Champions League 2013. Ils témoignent d’une solidité certaine du football allemand.

Le Bayern, précisément, dirigé exclusivement par d’anciens footballeurs, affiche une santé remarquable par la solidité de ses finances, la stabilité d’un effectif composé dans une mesure appréciable de joueurs formés au club, a le pedigree, l’esprit et les installations nécessaires à la mise en œuvre d’une politique ambitieuse de valoriser une forme de football qui n’interdit pas de gagner. Et là, on imagine mal le bonhomme s’engager avec cet esprit sans l’accord explicite de ses nouveaux dirigeants. Car, un double défi interpelle Guardiola :

-Réussir à transférer la technologie barcelonaise de la possession du ballon et de la victoire par cette voie ou

-Montrer sa capacité à prêcher un autre évangile de football qui sait rompre la possession douillette du ballon par une prise de risque précoce.

L’homme étant un doctrinaire, il n’étonnerait cependant personne à préférer perdre avec sa philosophie que de gagner avec une autre. Peut-il, voudra-t-il métisser les deux ? Dans l’un ou l’autre cas, la capacité des joueurs qu’il aura à disposition à se laisser nouvellement façonner sera déterminante. Dans deux ans, il sera permis de se mettre au bilan.

Patrice Dumont

patricedumont21@hotmail.com

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