Longues files aux postes-frontières, familles impatientes d’être réunies: les Etats-Unis ont rouvert lundi leurs frontières aux voyageurs du Mexique, du Canada et d’Europe vaccinés contre le Covid-19, mettant fin à 20 mois de restrictions particulièrement mal vécues dans le reste du monde.
Le “travel ban” imposé par l’ex-président américain Donald Trump début 2020, puis confirmé par son successeur Joe Biden, a séparé amis et familles, perturbé les relations d’affaires et contrarié les plans personnels, devenant emblématique des bouleversements provoqués par la pandémie.
Dans la ville frontalière de Tijuana, au Mexique, de nombreux voyageurs à pied ou en voiture ont patienté de longues heures avant l’aube, attendant l’ouverture du poste-frontière de San Ysidro aux voyageurs “non-essentiels”. Pour tous, le masque était de rigueur.
Les autorités mexicaines s’attendent à des embouteillages monstres à la frontière, où les temps d’attente pourraient atteindre quatre heures.
Même scène de l’autre côté du pays, à la frontière canadienne où les voyageurs se sont précipités au poste du pont des Mille-Iles, en Ontario, dès les premières heures de la réouverture.
“Il y a de l’attente depuis 23H30 hier soir”, a raconté à l’AFP Scott Carl, veste jaune sur le dos, dirigeant les automobilistes à l’entrée du pont.
Parmi les voyageurs, de nombreux “snowbirds”, des retraités fuyant le rigoureux hiver canadien pour la douceur de la Floride.
Les premiers avions des compagnies British Airways et Virgin Atlantic en provenance de Londres-Heathrow devaient eux atterrir à New York-JFK à 11H30 locales.
– “Si dur” –
Donald Trump avait imposé dès février 2020 des restrictions aux voyages en provenance de Chine, étendues le 13 mars aux pays européens de l’espace Schengen et quelques jours après à la Grande-Bretagne et l’Irlande, tandis que les frontières terrestres avec le Mexique et le Canada étaient en très grande partie fermées.
Avec tous ces pays, la densité des échanges humains et économiques est immense.
“Cela a été si dur (…), j’ai tout simplement envie de voir mon fils” à New York, a confié à l’AFP avant son départ de Londres Alison Henry, une Britannique de 63 ans.
Au total, 3.688 vols sont prévus entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis en novembre, 21% de plus qu’en octobre mais toujours 49% de moins qu’avant la pandémie, selon le cabinet spécialisé Cirium.
A l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, Charlotte Boulais, 27 ans, se réjouit: “On est content de voyager, de reprendre le tourisme et de revoir nos amis”.
“Je vais à New York, on va faire du tourisme avec mon mari, voir nos amis qui sont là-bas depuis un an et demi et qu’on n’a pas vus à cause du Covid”, ajoute cette préparatrice en pharmacie.
Paul Ceyrac, 34 ans, ne s’est pas rendu depuis environ deux ans aux Etats-Unis où il allait régulièrement pour raisons professionnelles. Il va à New York pour la réouverture du restaurant d’une amie, puis Chicago pour le fonds d’investissement qui l’emploie, détaille-t-il.
– Augmentation des vols –
Beaucoup de familles des deux côtés de l’Atlantique attendent ces retrouvailles avec fébrilité. Il était certes possible d’aller des Etats-Unis vers l’Europe depuis l’été dernier, mais les étrangers installés sur le sol américain et détenteurs de certains visas n’avaient aucune garantie de pouvoir retourner chez eux.
Les compagnies aériennes ont augmenté le nombre de vols transatlantiques et vont utiliser de plus gros avions. Cette levée des restrictions est une vraie bouffée d’oxygène pour le secteur.
Plus d’une trentaine de pays sont concernés par la levée du “travel ban”. Mais l’entrée n’est pas totalement libre et les voyageurs seront surveillés.
Pour ceux arrivant par les airs, les Etats-Unis demandent une preuve de vaccination, un test dans les trois jours avant le départ et la mise en place par les compagnies aériennes d’un système de suivi des contacts.
Pour la voie terrestre, la levée des restrictions se fera en deux temps.
Dès lundi peuvent traverser les personnes venant pour des raisons jugées non-essentielles, par exemple familiales ou touristiques, à condition d’être vaccinées. Les personnes venant pour motifs impérieux – comme les chauffeurs routiers – en seront dispensées.
A partir de janvier, l’obligation vaccinale vaudra pour tous les visiteurs, quel que soit leur motif d’entrée.
Selon les autorités sanitaires américaines, tous les vaccins approuvés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) seront acceptés, à savoir pour l’instant ceux d’AstraZeneca, Johnson & Johnson, Moderna, Pfizer/BioNTech, l’indien Covaxin, et les vaccins chinois homologués en urgence Sinopharm et Sinovac.
Source : AFP