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Bilan 2016 : La question des droits humains reléguée au second plan en Haiti

Par Alexandre Michel
P-au-P, 28 déc. 2016 [AlterPresse] — La conjoncture politique marquée par des rivalités entre les protagonistes politiques a relégué la question des droits humains au second plan au cours de l’année 2016, observe AlterPresse. Le processus électoral enclenché en 2015, pour être finalement annulé en 2016 a jeté l’ombre sur les conditions réelles d’existence du peuple haïtien. La situation des droits humains n’a pas été au cœur des débats pour l’année 2016.

Le premier coup de projecteur sur la situation des droits humains en Haïti, a été jeté à l’occasion de la 5e visite de l’expert indépendant colombien Gustavo Gallón de l’Organisation des Nations Unies (Onu), en février 2016.

Dans le cadre d’une mission de suivi sur l’évolution de la situation des droits humains en Haïti, Gallón a évalué, en octobre 2015, l’impact de l’ouragan Matthew sur la situation des droits humains en Haïti, les problèmes liés au choléra, ainsi que le processus électoral.

La question migratoire

64 milles 203 personnes ont été accueillies sur les différents points officiels de la frontière haitiano-dominicaine, du 01 janvier au 15 décembre 2016, a indiqué Saint Pierre Beaubrun, coordonnateur du Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés (Garr), joint au téléphone par AlterPresse.

Parmi elles, 34 milles 611 migrants et migrantes sont retournés en Haiti de manière spontanée, donc par crainte de représailles.

29 milles 592 personnes, dont 1,219 mineurs non-accompagnés, ont été arrêtées, détenues et rapatriées dans des conditions déshumanisantes.

Presque nus, affamés, ces compatriotes ont passé en moyenne deux jours en détention, sans prendre une douche, selon les témoignages recueillis.

1,643 personnes ont été rapatriées alors que 1,423 autres sont retournées spontanément durant les 2 premières semaines du mois de décembre 2016.

Des représentants du gouvernement haïtien en République Dominicaine auraient rançonné les compatriotes en situation irrégulière. Car, pour entrer dans le Plan national de régularisation des étrangers (Pnre), ces ressortissants devaient disposer de papiers d’identité haïtiens.

 

Certains d’entre eux affirment avoir versé milles pesos (1 gourde = 0.69 pesos dominicain, 1 $ usd = 67.075 gourdes), aux représentants de l’État Haïtien en République Dominicaine pour des papiers d’identité qu’ils n’ont jamais reçus.

Les rapatriés de la République Dominicaine sont, le plus souvent, redirigés vers des communautés déjà en proie à de multiples précarités et qu’ils ont laissé depuis longtemps, déplore Saint Pierre Beaubrun, coordonnateur général de la plateforme Garr.

Le choléra et l’accès à l’eau et aux soins

Suite aux excuses publiques de l’Organisation des Nations unies (Onu) au peuple haïtien, le 18 août 2016, Me Mario Joseph, membre du bureau des avocats internationaux (Bai), soutient que ce geste est un pas vers le respect de la dignité du peuple haïtien par l’Onu.

Les autorités haïtiennes, pour leur part, font preuve de lâcheté face à l’Onu, critique le juriste militant.

2 mille 199 nouveaux cas de choléra ont été signalés dans les quatre départements du grand Sud, pour le mois d’octobre 2016.

Une campagne de vaccination anti-choléra à deux doses du vaccin Euvichol est lancée, depuis le 8 octobre, dans les trois départements les plus touchés par les effets de l’ouragan Matthew, afin de contenir les foyers de contamination. Elle vise à atteindre environs 500 mille personnes.

Me Mario Joseph qui dit craindre une nouvelle catastrophe se plaint du fait que ce soit un vaccin expérimental aux effets secondaires inconnus qui est utilisé.

Le 01 décembre 2016, l’Onu s’est excusée, par la voix de son secrétaire général Ban Ki-Moon pour son rôle dans l’introduction de l’épidémie de choléra en Haïti.

Elle espère réunir en deux ans 400 millions de dollars américains pour des travaux d’assainissement et l’indemnisation des victimes.

Les conditions des personnes en détention

5 milles détenus sont en attente de jugement, uniquement pour le département de l’Ouest.

Le Nord-Est détient le plus petit score, soit 72, précise Jocelyne Colas Noël, directrice nationale de la commission épiscopale justice et paix (Ce/Jilap), également membre de la plateforme des organisations défenseurs des droits humains (Pohdh).

Durant l’année 2016, Jilap a assisté plus de 500 prisonniers dans les démarches relatives aux procédures judiciaires sur leurs dossiers respectifs, poursuit la militante.

Un total de 750 prisonniers devraient être libérés d’ici le 31 décembre de l’année en cours, a fait savoir, de son côté, Jean Danton Léger, commissaire titulaire au parquet du tribunal de première instance de Port-au-Prince.

Cette décision ne fait pas l’unanimité au sein de la société. Me Patrick Laurent, spécialiste en droit, soutient, dans une interview à la station privée Radio Métropole, qu’il revient au président de la République, et non au commissaire du gouvernement, de gracier les prisonniers.

Jocelyne Colas Noël estime, pour sa part, que ces libérations cachent le vrai problème du mauvais fonctionnement du système judiciaire, notamment la lenteur dans le traitement des dossiers.

Par ailleurs, d’énormes défis restent encore à relever, selon Jilap.

En 2016, il y a encore un grand nombre d’Haïtiennes et d’Haïtiens, dépourvus d’actes de naissance, ainsi que de « descendants d’Haïtiennes et d’Haïtiens, qui ne sont ni Haïtiens ni Dominicains », déplore Jocelyne Colas Noël, invitée à l’émission TiChèzBa, de la station en ligne AlterRadio.

L’un des plus grands défis à relever en matière de défense des droits humains consiste à avoir un État organisé et institutionnalisé, qui soit capable de répondre, de façon conséquente, aux besoins de la population.

Toutefois, quelques progrès – notamment au niveau des libertés individuelles, de la liberté d’expression et de la vie associative – ont été enregistrés, constate Jilap.

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