Thursday, May 2, 2024
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Au théâtre : L’histoire d’Haïti mise en scène à FOKAL

Le comédien, metteur en scène Daniel Marcelin a joué, les mardi 26 et mercredi 27 avril, à la salle Fokal « Ayiti », une pièce qu’il a coécrite en collaboration avec Philippe Laurent qui en est également le metteur en scène. Dans « Ayiti », Daniel Marcelin joue l’histoire de son pays. Seul sur scène, il l’a fait (re)vivre de la découverte de l’île paradisiaque habitée par les autochtones à la période des dictatures successives en passant par la période coloniale, esclavagiste et postindépendance. Cette exploration de l’histoire haïtienne permet, selon le comédien, de révéler des pans non encore explorés.

Dans une mise en scène dépouillée, simple, sobre, Daniel Marcelin parvient, avec sa grande expressivité, ses talents de mime, de conteur, à donner corps et voix aux personnages historiques qui l’investissent, le chevauchent ou le happent. Il donne à voir des lieux, sentir les grandes tensions sociopolitiques. Se mêlent dans ce spectacle l’humour, l’autodérision et les vérités  – puisqu’il s’agit de relater l’histoire du pays et celle de ses héros telles qu’elles nous sont rapportées par les historiens. Une des scènes se passe dans un aéroport, JFK de New York, où l’acteur se retrouve coincé au milieu de bagages à la salle d’arrivée. L’acteur cherche en vain ses bagages qu’il va enfin retrouver en République voisine. 

Cette scène, nous confie Daniel Marcelin, rappelle l’histoire qu’il a vécue à l’aéroport JFK de New York. En 1981, Daniel Marcelin s’est fait arrêté à l’immigration américaine, parce qu’un agent ne pouvait pas croire à  son identité haïtienne. Soupçonneux, l’agent d’immigration croyait qu’il était un Martiniquais ou un Guadeloupéen et non un Haïtien. L’acteur fait défiler, comme dans un film, l’histoire de son pays dans une crudité inouïe, dans des scènes ponctuées de chants, de danse.  De sa bouche sortent des paroles pleines d’espoir et de désespoir. Sa voix paraît tantôt plaintive, souffrante, douloureuse et joyeuse. 

Contrairement à ce qui se dit d’Haïti, Daniel Marcelin montre, à la fin du spectacle, que ce n’est pas un pays maudit. Il fait montre de sa richesse culturelle, artistique. Le spectacle se termine sur une note d’espoir. Dans cette scène, l’acteur rend hommage à des figures emblématiques de la littérature contemporaine haïtienne, comme Lyonel Trouillot, Dany Laferrière, Gary Victor.

« Ayiti » joué par Daniel Marcelin sur une mise en scène de Philippe Laurent – ce dernier a déjà mis Daniel Marcelin et Albert Moléon en scène dans « Bruits et autres textes » de Karl Valentin, spectacle tourné pendant plus de six mois en Belgique en 2007 – est une production de la Charge du Rhinocéros, de l’Espace Magh, de l’Archipel/Scène nationale de la Guadeloupe et du Petit Conservatoire, l’école et compagnie de théâtre dont il le directeur-fondateur. La scénographie est signée Olivier Wiame, tandis que le décor sonore et la création de lumières sont respectivement de Marc Doutrepont et Xavier Lauwers. Plus de quatre-vingt représentations de la pièce ont été données en Belgique, au cours de l’année 2010, en France, à Dakar, à Ouagadougou, en Guadeloupe et en Haïti.

 C.A.

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