Saturday, May 18, 2024
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Le parquet de Port-au-Prince : cette patate chaude

Aussi cynique et conflictuelle soit-elle, la question mérite quand même d’être posée: sommes-nous prêts pour la démocratie ? En engageant ce débat, il m’est venu à l’esprit la réponse d’un responsable de la FIFA à une question concernant l’introduction de la vidéo dans le football pour éviter que trop de buts parfaitement valables ne soient injustement annulés ou que trop de buts entachés de fautes ne soient validés. Il avait répondu que ce qui caractérisait le football était surtout l’universalité des principes et des règles.

Aussi cynique et conflictuelle soit-elle, la question mérite quand même d’être posée: sommes-nous prêts pour la démocratie ? En engageant ce débat, il m’est venu à l’esprit la réponse d’un responsable de la FIFA à une question concernant l’introduction de la vidéo dans le football pour éviter que trop de buts parfaitement valables ne soient injustement annulés ou que trop de buts entachés de fautes ne soient validés. Il avait répondu que ce qui caractérisait le football était surtout l’universalité des principes et des règles.

“Si la FIFA avait la certitude que le plus petit championnat du plus petit pays affilié à l’Organisation pouvait se payer cette technologie, on y penserait même quand ça aurait détruit un peu la magie du jeu”.  Autrement dit, il ne peut pas y avoir un football pour l’Espagne, la France, l’Italie, la Grande Bretagne et un autre pour Haïti, le Sri Lanka ou la Somalie. Que dire de la démocratie ? Les concepts démocratie au rabais, démocratie à l’haïtienne, démocratie de façade sont évidemment des élucubrations des esprits perfides car, c’est comme dit l’américain “To be or not to be”; ou bien, vous avez la démocratie, ou bien, vous ne l’avez pas. Nous laisserons aux philosophes et aux autres spécialistes de la sociologie ou de l’histoire des civilisations le soin d’analyser pour comprendre si la démocratie est liée au niveau d’éducation, de développement ou à l’histoire des peuples mais, nous, après des années d’expérience, nous sommes arrivés à la conclusion que le respect des principes les plus élémentaires en matière de démocratie exigera encore des années d’apprentissage et encore, faut-il que nous soyons conscients de nos limites et de notre état “critique” pour espérer sortir la tête de l’eau et avancer.

 Sait-on par un exemple qu’un état qui n’arrive pas à envoyer ses enfants à l’école, les vêtir, nourrir sa population et la loger décemment n’est pas un état démocratique ? Car, les concepts de droits humains ont évolué; ce n’est plus seulement une question de liberté d’expression ou d’association, respect des droits politiques ou autres; c’est aussi le droit à la vie, à la santé, à l’éducation, au logement, à l’alimentation. Peut-on mettre quelque uns de ces droits en veilleuse et continuer à répéter qu’on est en démocratie et qu’on les respectera à mesure que notre budget nous le permettra. Evidemment non et nous ne devons pas avoir peur de dire que nous ne sommes pas un état démocratique; nous ne sommes sans doute même pas une démocratie embryonnaire !

Regardez ce qui se passe au parquet de Port-au-Prince et vous comprendrez que la démocratie promise n’est pas pour demain. On y a placé, depuis quelque temps,  quelques  uns des plus beaux fleurons de la magistrature haïtienne pour des résultats quasiment les mêmes. Le dernier en date forçait l’admiration car, Me Lionel Bourguoin Bernard était une référence et il n’a pas survécu à la première tempête (petite dépression, devrions-nous dire). N’est-il pas temps de dire que le ver est dans le fruit, inutile de le chercher ailleurs. Nous répétons souvent que nous ne pouvons rester les bras croisés à accepter que tant de belles têtes (qui sont aussi bien pleines) continuent à se sacrifier (mangées par le systême) et que nous devons trouver une façon de “vivre ensemble”et ne plus exposer ces compétences aux aléas et les rêves les plus chimériques de nos politiciens.

Me Auguste Harycidas, autre sacrifié à ce poste nous avait confié, en toute confidentialité, le jour même de la nomination de Me Bourguoin au poste de commissaire du gouvernement près du Tribunal Civil de Port-au-Prince qu’il était triste pour ce cerveau qui a formé tant de jeunes et compétents magistrats du pays car, en dépit de sa bonne volonté jamais mise à défaut, de sa longue expérience dans le domaine de la justice et de la magistrature, de sa rectitude morale et professionnelle, il n’a aucune chance de réussir; la politique ne lui laissera aucune chance.

A ce jour, l’on ne compte plus le nombre de compétences gaspillées et si l’on continue à vouloir imposer les “quatre volontés” du pouvoir au bicentenaire (siège du parquet de PauP), il arrivera bien un jour où aucun professionnel digne de ce nom n’acceptera de s’embarquer dans une aventure où son sort est scellé avant même de s’engager. L’on aura beau critiqué Préval pour sa relative main mise sur l’appareil de la justice que le problème ne sera pas résolu pour autant et cela, malgré l’arrivée de l’équipe du changement au timon des affaires de l’Etat. Le réflexe est toujours là: la justice est trop importante pour la laisser aux seules mains des juges, se dit-on. Le nouveau capitaine du navire n’a aucune expérience en la matière (sans aucun doute dans aucune des matières) et ça, on le sait mais, son entourage, oui. L’équipe ne peut continuer à se moquer des gens et fouler aux pieds les droits imprescriptibles de la personne humaine (nous ne parlerons même pas de cette affaire d’avion de la AA interdit de voler à cause de la présence à bord  du conseiller électoral; trop fou pour être vrai). Il y a mille façons de saisir la justice et d’obliger un membre d’un collège électoral à rendre compte de ses méfaits éventuels. Démocratie…n’en parlons pas, s’il vous plait !  

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