Thursday, May 2, 2024
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Etats-unis: Les leçons de la présidentielle du 6 novembre

La victoire d’Obama aux dépens de Romney annonce peut-être un virage dans les rapports du système de valeurs aux USA.
La réélection du président Obama questionne avec pertinence les multiples sondages et analyses qui laissaient croire que le match devait se jouer au finish entre le sortant Obama et le challenger Romney. Les projections étaient loin de la réalité dans 11 états. Obama a remporté la rencontre sans les votes de la Floride qui avait décidé du sort des élections de 2000 entre le président sortant Georges W Bush et le candidat démocrate Al Gore.

La victoire d’Obama aux dépens de Romney annonce peut-être un virage dans les rapports du système de valeurs aux USA.
La réélection du président Obama questionne avec pertinence les multiples sondages et analyses qui laissaient croire que le match devait se jouer au finish entre le sortant Obama et le challenger Romney. Les projections étaient loin de la réalité dans 11 états. Obama a remporté la rencontre sans les votes de la Floride qui avait décidé du sort des élections de 2000 entre le président sortant Georges W Bush et le candidat démocrate Al Gore.

Si tous les secteurs sont unanimes à reconnaître la victoire du président Obama, ils admettront cependant que les qualificatifs collés aux élections présidentielles américaines ne font pas l’unanimité. De l’avis de Margaret Hoover, analyste politique très respectée, ces élections sont considérées comme « a watershed moment » c’est-à-dire un important changement historique. D’autres parlent de référendum Pour plus d’un, c’est la preuve la plus tangible d’un pays qui a changé dans sa composition démographique. Un fait est certain : ces élections sont très différentes des autres car elles vont au-delà de la simple remise de clef de la Maison Blanche au vainqueur pour une période de quatre ans.

Il y a moins d’un demi-siècle, les femmes ne pouvaient pas voter aux États-Unis. Aujourd’hui, elles sont

incontournables. La bande à Rosa Park devrait en être fière. Depuis 2008, la participation des jeunes aux élections est fort significative. Ils ont récidivé cette année comme pour faire savoir que les minorités ne sont plus négligeables. Dans le même sens, on notera que pour la première fois dans l’histoire du pays les électeurs ont voté pour le mariage des gens du même sexe dans trois États. Pour

la première fois, une homosexuelle déclarée a été élue pour siéger comme Sénateur. Deux États ont légalisé la marijuana. Pas moins de vingt femmes siégeront au Sénat américain. Un record. Mais le tableau comporterait une certaine faiblesse si on oublie de souligner que 50% des catholiques ont voté pour un candidat pro avortement. Il est vrai que pour relativiser, il ne serait pas dénué de sens de considérer que le statut de mormon de Romney pourrait les avoir éloignés de lui.

Au décor de cette nouvelle Amérique se rangent les incontournables immigrants ou fils d’immigrants : 10% de l’électorat américain aujourd’hui est hispanique. Il n’est donc point étonnant qu’un nombre record d’élus d’origine latino-américaine et asiatique peuplent le Congrès. On peut comprendre à quel point cette nouvelle réalité peut déranger plus d’un. Non seulement l’Amérique n’est plus seulement aux WASP (White Anglo Saxon Protestant), Anglo Saxon Blanc et Protestant mais les « MOUN VINI » non européens ont leur mot à dire dans la politique américaine jusqu’à contribuer significativement à l’élection et à la ré-élection du premier président non blanc, mais aussi et surtout de race noire aux États-Unis.

 

Alors peut-on aujourd’hui encore parler d’un pays conservateur ? C’est peut-être aller trop vite en besogne que de se hasarder à affirmer péremptoirement que le conservatisme américain fait partie désormais de l’histoire. Cependant, ce pays procède à un virage important en ce qui a trait à son système de valeurs et l’articulation de celles-ci à la politique. Se profile à l’horizon un nouveau pays dans un autre Nouveau-Monde. Déjà, le Président bolivien pousse son homologue américain à accentuer ce virage en levant l’embargo sur Cuba s’il veut remercier les Latinos qui ont joué un rôle non négligeable dans ce succès historique. Mais l’autre leçon de ces élections est que la communauté latino pro Obama, donc pro changement de son statut, n’est peut-être pas aussi enthousiaste quand il s’agit de faire des ouvertures sur Cuba ou d’autres questions de la politique internationale. Et compte tenu des contradictions de la politique internationale, de la position d’Obama, la grande question est celle-ci : les votes latinos valent-ils ce watershed demandé par Evo Morales ?

 

Julio Midy

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