Saturday, April 27, 2024
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Le système carcéral haïtien : une situation préoccupante

Le système carcéral haïtien va de mal en pire malgré les efforts menés par les différents directeurs généraux de la police nationale d’Haïti (PNH) qui se sont succédé. Si toutes les politiques ont fait croire à de grands efforts pour changer la réalité du système, les chiffres indiquent une aggravation du mal carcéral haïtien, avec peutêtre des périodes plus noires que d’autres.

Récemment, le chef du parquet de Port-au-Prince, Me Jean Danton Léger a organisé les funérailles de 21 nouveaux détenus qui ont succombé aux mauvaises conditions de détention à la Prison civile de Port-au-Prince. Jean Gardy Muscadin, le directeur général de l’administration pénitentiaire (DAP), lors d’un entretien avec la presse, a expliqué que ces décès récurrents sont dus à la promiscuité qu’il y a dans les prisons civiles, notamment celle de Port-au-Prince.

La prison civile de Port-au-Prince, explique-t-il, a été construite pour recevoir 420 détenus au maximum, soit 4.5 m2 par détenus selon les normes internationales. Aujourd’hui, poursuit le directeur général, elle est à 4 120 détenus, dont 0.4 m2 par détenus, ce qui est contraire aux normes carcérales internationales, et qui du même coup augmentent les risques de maladie à l’intérieur de la prison.

Le responsable de la DAP a par ailleurs informé qu’en attendant les grandes décisions du ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP), au sein de la PNH, ils ont décidé de procéder au transfert de certains prisonniers dans d’autres centres carcéraux du pays en vue de pallier ce problème de promiscuité à la prison civile de Port-au-Prince. Mais, ajoute-t-il, cette décision ne concerne que la minorité, les 12 % jugés et condamnés. Car, selon Jean Gardy Muscadin, la majorité de ces prisonniers, soit 88 % sont en détention préventive prolongée, et plusieurs d’entre eux sont enfermés depuis tantôt cinq ans.

Alors que le projet à long terme est la délocalisation du pénitencier national, à moyen terme, les responsables de la DAP envisagent de transférer l’embryon de dispensaire que contient le pénitencier national à la prison civile de Pétion- ville, ancienne prison pour les femmes. Ce qui selon le directeur Jean Gardy Muscadin permettra au responsable de gérer dans un lieu spécifique tous les prisonniers infectés, et du coup éviter les risques de contamination. Ce projet de 550 000 dollars a été présenté aux bailleurs de fonds pour les suites nécessaires.

Actuellement, 68 prisonniers sont tombés malades au pénitencier national. Les responsables sanitaires ont fait savoir qu’il y a 36 cas très critiques dont le niveau d’affection exige des soins plus adéquats dans un centre hospitalier. Le problème a été adressé, et pour l’instant, la DAP attend la décision des autorités du ministère de la Justice pour le suivi du dossier. Concernant les informations faisant croire que les prisonniers sont morts par faute de nourriture, Jean Gardy Muscadin a précisé qu’il n’y a pas de problème de nourriture. Selon lui, il y avait uniquement un problème de fournisseurs qui n’ont pas livré les commandes à temps.

 

Des soupçons de corruption, dont le détournement des nourritures au pénitencier national, ont été également soulignés par le directeur qui a informé de l’ouverture d’une enquête par l’inspection générale de la police nationale d’Haïti (IGPNH) concernant non seulement la gestion des aliments, mais aussi la situation sanitaire à l’intérieur de la prison.  Plus besoin de s’alarmer. La situation est adressée et les mesures qui s’imposent ne tarderont à venir, a rassuré Jean Gardy Muscadin, qui dit avoir reçu de Food for the poor des ingrédients pour un programme de revitalisation nutritionnelle, et du ministère de la Santé publique et de la Population des expertises pour la gestion des programmes de nutrition et d’épidémiologie à l’intérieur de la prison.

 

Evens Régis

Source: Le National

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