Sunday, May 5, 2024
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Le monstre, il est revenu

Il est revenu hier soir, 7 mars 2012, le monstre. Beaucoup moins irascible qu’il y a 26 mois. Panique de deux secondes avant de nous fixer, ridicules, feignant d’être calmes, chamboulés à la vérité, entre un  chambranle, ma femme et moi. Il n’est pas resté longtemps, le monstre, tout juste le temps de nous sentir gondolés. Presque agréable, le monstre, la patte de velours d’un chat, toutes griffes rentrées sur un anolis qui ressent quand même l’acéré, le cœur galopant.

Il est revenu hier soir, 7 mars 2012, le monstre. Beaucoup moins irascible qu’il y a 26 mois. Panique de deux secondes avant de nous fixer, ridicules, feignant d’être calmes, chamboulés à la vérité, entre un  chambranle, ma femme et moi. Il n’est pas resté longtemps, le monstre, tout juste le temps de nous sentir gondolés. Presque agréable, le monstre, la patte de velours d’un chat, toutes griffes rentrées sur un anolis qui ressent quand même l’acéré, le cœur galopant.

« On ne peut pas rester à l’intérieur chéri, recouvre-toi rapidement ; n’oublie pas le téléphone, tes lunettes, les clés de la voiture ». Et une petite clameur dans le quartier. Un escalier qu’on dévale. Des commentaires hurlants, précipitants, des rires auto moqueurs. Douleurs par la photo d’un vide si plein, souvenir quoi ! d’une nuit d’un 12 interminable. Des appels de parents et d’amis. Faut-il rentrer ? Car on est tous sortis. Une femme qui ne veut plus rentrer chez elle sortir quelques petites affaires d’un déménagement au compte-gouttes commencé depuis une semaine. Un monsieur dans le genre mi-ordinaire, mi-star, contrarié dans son sommeil préparatif d’un réveil régulièrement pré-auroral. Cette fille – 15 ou 16 ans ?- drapée, les pieds nus sur l’adoquin granulé. Au téléphone, elle voudrait chuchoter, mais clame ne pas vouloir mourir, surtout que  « maman n’est pas là »…

Qu’est-ce qu’on fait ? Reprenons nos sens dans la voiture. C’est surprenant, ça semble faire plus mal, cette fois qu’il a duré le temps d’un cillement. Des banalités comme auto ordonnance pour reprendre ses sens. Un zapping sur la bande FM. On est des connaisseurs maintenant. Quelle intensité ? Entre 3 et 4. Un fils à l’étranger informe : 4.6. Quelle est cette histoire de mourir comme ça, aplati, écrasé, ou à souffle entrecoupé, emmuré, serti, spectateur de son évanouissement, de sa mort en ruissellement, auditeur muet des raisonnements affolés de sauveteurs aux mains nues ? N’exagérons pas. Rentrons.

Un petit moment devant l’ordi. Curieusement, le sommeil s’invite à 23 : 00 heures. Heureusement. Mais non ! Rêves-cauchemars. Mon équipe de foot joue à l’extérieur. Les buts ne sont pas réguliers. L’idée de réclamer forfait. Mon équipe mène 1-0. Un confrère journaliste quinquagénaire qui a marqué. Que ça continue jusqu’à la fin ou nous mourrons tous. Corner contre mon équipe. Je crie après un joueur que je sais être fort de la tête de se placer au cœur de la bataille. Il se détend pour repousser le ballon de la tête… dans notre propre filet. Le réveil ou je meurs. Et hop ! 2 : 30 heures. Hier soir, tout à l’heure en somme, le monstre, il était revenu.

Claustrophobie. Besoin de revoir la nuit. Le balcon, comme quand il faut s’étonner à l’aurore des effets d’une pluie nocturne. Équanimité de la nuit, indifférente et belle, cachotière entêtée, artificiellement grondeuse du fait des génératrices secouristes en temps de surblackout.  Rien à signaler. Tromper la gamberge par des mots. Repenser aux maux, aux crimes des derniers jours – Vénel Joseph, Wilner Cazeau- notre quotidien si difficile, la vie qui peut être sensée, son absurdité aussi, Etzer Vilaire et ses « Dix hommes noirs ». Le monstre qui est revenu donc.

patricedumont21@hotmail.com

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