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Haïti-Politique : 36 députés sur 76 présents rejettent la déclaration de politique

P-au-P, 20 mars 2016 [AlterPresse] — Par un vote de 38 pour, 36 contre et 1 abstention, une chambre, tronquée et contestée, de députés (avec 76 membres présents sur 92 validés le dimanche 10 janvier 2016) a décidé de ne pas accorder de vote de confiance à la politique générale, présentée, ce dimanche 20 mars 2016, par le premier ministre nommé Fritz-Alphonse Jean, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Le vote, intervenu après plus de trois heures d’échanges sur la feuille de route envisagée, a pris en compte le nombre nominal (119) de la chambre basse.

Or, suivant les résultats des législatives controversées de 2015, proclamées par l’ancien Conseil électoral provisoire (Cep) contesté (qui fut dirigé par Pierre-Louis Opont), 92 candidats (hommes) l’auraient emporté.

Avant le vote, ce dimanche 20 mars 2016, sur l’énoncé de politique générale du premier ministre nommé Fritz-Alphonse Jean, le président de la chambre basse, Cholzer Chancy, a annoncé qu’il faudrait 60 voix favorables (au regard du nombre nominal de 119 députés, suivant le décret électoral de 2015), pour un vote de confiance au chef du gouvernement, choisi par le président provisoire Jocelerme Privert.

Comment compter 27 membres (la malice populaire dirait depite zonbi), qui n’ont pas encore été « élus », donc véritablement absents (qui n’existent pas, de fait), dans un vote au sein d’une assemblée ?

Un nombre, ayant été constaté, de 76 députés présents, invitation a été faite à l’assemblée pour se prononcer.

Résultat du vote du dimanche 20 mars 2016 : 38 députés pour la déclaration de politique générale de Fritz-Alphonse Jean, 36 contre, 1 abstention.

Conclusion, soulignée par Cholzer Chancy, à l’adresse de Fritz-Alphonse Jean : « votre déclaration de politique générale est rejetée ».

Les députés (alliés du Parti haïtien tèt kale /Phtk et alliés), regroupés au sein de l’Alliance parlementaire pour Haïti (Aph), ont vraisemblablement mis à exécution leur menace, brandie depuis plusieurs semaines, de censurer le plan de gestion gouvernementale, proposé par Fritz-Alphonse Jean.

Leur assertion : le premier ministre, nommé le 26 février 2016, n’aurait pas été choisi de manière consensuelle avec les présidents du sénat et de la chambre des députés.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Tout vote de censure de la déclaration de politique générale du premier ministre nommé équivaut à faire tomber l’accord du 6 février 2016 (signé entre le président sortant Joseph Michel Martelly, et les présidents du sénat, Jocelerme Privert (devenu président provisoire le 14 février 2016) et de la chambre des députés, Cholzer Chancy, a prévenu, le 20 mars 2016, un député, au cours des débats sur la politique générale de Fritz-Alphonse Jean.

Dans ce cas, « la procédure recommence », indique l’article 158 de la Constitution, dite amendée (un amendement controversé, depuis les votes à la va-vite du 9 mai 2011).

Avec ce vote du 20 mars 2016, Privert fait face à sa première véritable crise politique : la confrontation, qu’il n’avait pas souhaitée avec ses anciens collègues du parlement, semble avoir commencé.

Dans la réalité, les membres et partisans du Phtk, qui continuent de contrôler l’administration publique, ne veulent pas s’en défaire, ni laisser place à une alternance politique.

Les parlementaires contestés, issus d’élections contestées, s’attribuent des attributions questionnables… et affirment leur intransigeance dans une situation qu’ils ont eux-mêmes créée.

Il ne leur resterait alors qu’à se proclamer « gestionnaires » d’Haïti, sans tenir compte des desiderata de secteurs vitaux du pays…

Aucune décision institutionnelle – dans les ministères et organismes autonomes – ne semble pouvoir être prise, dans la conjoncture actuelle, dominée par les tractations des politiciens, qui voudraient s’octroyer, de manière imméritée, des postes de décision administrative, comme enregistré de 2011 à 2015, fustigent des citoyennes et citoyens.

Aucun contrat ne peut être passé, maintenant, avec l’administration publique en Haïti, face à cette situation de blocage institutionnel…

Y ap ranse ak peyi a ? Pandant tan sa a, y ap touche lajan leta, y ap ranpli pòch yo sou do peyi a (ils se foutent royalement des besoins immenses de la population en Haïti, ils continuent à émarger du budget de l’Etat, à s’accorder des privilèges immérités, à profiter grassement des ressources financières tirées des taxes payées par les contribuables), dénoncent ces citoyennes et citoyens, à l’annonce des résultats du vote, intervenu le dimanche 20 mars 2016 à la chambre des députés.

Le parlement contesté a récupéré les revendications, largement exprimées dans les démonstrations populaires, au cours desquelles les manifestantes et manifestants se sont élevés contre les fraudes massives, enregistrées dans les scrutins du 25 octobre 2015.

Plus que jamais, les doutes persistent quant au respect des échéances, qui avaient été inscrites dans l’accord du samedi 6 février 2016 : dimanche 24 avril 2016 pour la poursuite des élections et samedi 14 mai 2016 (comme le samedi 14 mai 2011) pour l’installation d’un nouveau président élu.

Comment, sans un gouvernement régulier, mettre en place les structures de fonctionnement adéquat de l’appareil d’Etat ?

Quand sera mis en place un nouveau conseil d’administration de l’organisme électoral ?

De quelle manière seront constituées des commissions d’évaluation du processus électoral de 2015 et d’audit de gestion de l’administration politique sortante (14 mai 2011 – 7 février 2015 ?

Quelles réponses institutionnelles aux multiples défis d’urgence : aggravation du climat d’insécurité, inondations dans le Nord, intoxication avec le méthanol (« un faux clairin », un alcool frelaté), vulnérabilité environnementale (sécheresse, maladie zika, épidémie de choléra, etc.), faiblesse des infrastructures (routes défoncées, difficiles d’accès et en mauvais état, effondrement d’un pont – Duvivier – desservant 6 départements géographiques / l’Ouest, l’Artibonite, le Plateau central, le Nord-Ouest, le Nord et le Nord-Est), décote accélérée de la gourde par rapport aux devises étrangères (US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 75.00 gourdes aujourd’hui), insuffisance de recettes fiscales, soupçons de gabegie administrative, de détournement de fonds publics, de mauvaise gestion des deniers de l’Etat ?

Des observateurs politiques avaient déjà identifié « un coup d’Etat parlementaire », ayant suivi le « coup d’Etat électoral » d’août et d’octobre 2015, avec l’ « élection », au second degré, de Jocelerme Privert comme président provisoire, par un parlement issu de la crise post-électorale de 2015…

En voulant colmater, de manière inconsidérée, les crises, qu’ils ont eux-mêmes générées – par leurs appétits de pouvoir, à tout prix, leur manquement et incompétence -, les politiciens se retrouvent en face d’eux-mêmes.

En cette fin du mois de mars 2016, la république d’Haïti, confisquée par des politiciens, se retrouve bloquée, sans aucune référence administrative.

Lire l’article sur le site de AlterPresse

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