La Scotiabank a signé au début de ce mois de décembre une entente avec la Unibank pour lui vendre ses activités en Haïti, a appris InfoHaïti. Pour entrer en vigueur, cette entente doit être approuvée par la Banque Centrale.L’absorption de la Scotiabank va renforcer la part de marché de la Unibank dans le secteur bancaire. Mais, il ne sera pas vraiment significatif étant donné le faible poids de la filiale locale de la « Bank of Nova Scotia » soit 3% en prenant en compte les trois (3) indicateurs suivants : actifs, dépots, prêts.
La Unibank va bénéficier cependant d’un portefeuille de crédit sain, d’un personnel qualifié, très bien formé et rompu aux normes de gestion d’une banque internationale. La “banque 5 Etoiles” profitera de ce rachat pour élargir sa clientèle.
Par contre, d’aucuns se préoccupent de la capacité de la Unibank à poursuivre la politique de crédit très démocratique de la ScotiaBank qui consiste à se baser sur des données purement objectives et rationnelles pour satisfaire ses clients. Grace à cette politique, beaucoup de ses clients issus de la classe moyenne ont pu faire fructifier leurs entreprises et/ou avoir accès facilement à certains biens de consommation.
Il faut noter que la Scotiabank et la Unibank sont les deux (2) seuls opérateurs de « mobile banking » en Haiti. En partenariat avec la Digicel, la ScotiaBank avait lancé TchoTcho mobile et la Unibank, T-Cash avec Voilà rachetée depuis par la Digicel. Les données sur le nombre d’utilisateurs de ce type de services financiers ne sont pas encore rendues disponibles malheureusement. Mais, le « mobile banking » représente, pour les banques, un grand enjeu, le nouveau terrain de gain de productivité et d’amélioration de leur performance financière étant donné qu’une très infirme partie de la population a accès aux services bancaires de base. Toutes les banques commerciales préfèrent concentrer leurs activités à la capitale et dans les grandes villes du pays.
Compte tenu de son coût marginal presque nul, le « mobile banking » représente la voie royale devant permettre de favoriser l’accès aux services financiers à une large partie de la population. Actuellement, près de 4 millions de personnes ou 85% des ménages en Haïti possèdent un téléphone cellulaire. Dans cette situation de monopole qui se dessine à l’horizon, que dira la Banque centrale, l’autorité de régulation. Va-t-elle obliger la Unibank à se dessaisir de ce « bon morceau » afin de favoriser la concurrence et sauvegarder les acquis dans le domaine de l’inclusion financière dont une stratégie de promotion préparée avec l’aide de la Banque Mondiale a été lancée en pompe par la BRH ?
La Bank of Nova Scotia est l’une des grandes banques commerciales du Canada présentes dans les principaux pays de la Caraïbes dans l’objectif de fournir des services aux entreprises et touristes canadiens trouvant refuge au bord des eaux turquoises de la région. C’est l’une des banques incontournables dans cette sous-région presqu’anglophone de l’Amérique latine.
Certaines banques occidentales comme la Bank of Nova Scotia avaient décidé de se délocaliser dans la Caraïbes afin d’offrir de meilleurs services à des clients qui cherchaient des paradis fiscaux afin de protéger leur patrimoine du fisc étant donné le niveau d’imposition élevé des hauts salaires et des grandes fortunes.
Cette stratégie a bien fonctionné au cours des trois (3) dernières décennies durant lesquelles la question de transparence, de provenance et de l’origine des ressources n’avait été ni une préoccupation, ni un souci. Dans la foulée de la montée du terrorisme et de son système de financement occulte et de la crise financière de 2008, les Etats-Unis d’Amérique avaient fait voter une loi dans l’unique objectif d’identifier les citoyens américains cachant leur fortune à l’étranger.
Cette loi connue sous le nom de FATCA (Foreign Account Tax Compliant Act) a pour but d’empêcher les citoyens américains qui possèdent des actifs financiers à l’étranger de se soustraire à l’impôt. «Elle vise à encourager la déclaration de tous les revenus de placement et de toutes les cessions de titres effectuées par un citoyen américain », peu importe où le placement est détenu dans le monde. En vertu de cette loi, depuis juillet 2014, les institutions financières autres qu’américaines doivent, sous peine de lourdes sanctions, « repérer, consigner et signaler les comptes détenus par des citoyens américains ». Le coût de conformité au FATCA et aux autres normes mises en place par les autorités américaines de régulation bancaire est exorbitant.
Afin d’amortir ses coûts (200 millions de dollars américains dans le cas du Canada) et de limiter le risque de subir de lourdes sanctions mises en place par les autorités américaines, les dirigeants des banques canadiennes ont adopté diverses mesures dont l’une d’entre elles est la fermeture de succursales très peu performantes se trouvant dans les pays où le niveau de risque est très élevé.
Malheureusement, Haiti fait partie de ces pays. La succursale de la Banque Nova Scotia installée à Port-au-Prince depuis 1972 est loin d’être mal gérée. Si, au 30 septembre 2016, en terme d’actifs, elle occupait, la 7ème place parmi les 9 banques en service en Haiti, elle se retrouve dans le peloton de tête, plus particulièrement au 3ème rang, en prenant en compte le volume crédit par employés, le total des dépôts par rapport au nombre de succursales et par employés.