Monday, April 29, 2024
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Football-Coupe d’Espagne: Varane, Iniesta, Oëzil, principaux agents de bonheur

Messi et RonaldoVarane, Iniesta et Oëzil sont les principaux acteurs du match Real-Barcelone  (1-1) de Coupe d’Espagne qui a tenu ses promesses.
La première bombe de Christiano Ronaldo repoussée par Pinto confirme les données déjà connues  d’un Real intraitable en début de match. Dans la même veine, un centre mal assuré d’Essien prenant l’allure d’un centre-tir en lob oblige Pinto à dévier une deuxième fois en corner.
Barcelone n’arrive pas à poser son jeu, son label, plaisir pour lui et les spectateurs, punition pour les adversaires. Pire,  on voit Puyol se démener à conserver un ballon sous la pression madrilène durant 7 à 10 bonnes secondes sans jamais trouver un partenaire à qui le rendre proprement. Il dégage  finalement comme un défenseur ordinaire d’une équipe ordinaire. Le Real est dans son plan : autoritaire, bien huilé, agressif ; Barcelone dans la rue.

C’est cependant du régime sur- anaérobique. Dès la 8e minute, il lui faut opérer une halte en vue de se recharger. Barcelone trouve alors son tikitaka. Une louche d’Iniesta offre de la purée de pois assez bien épicée à Alba qui l’avale de travers sous la forme d’une reprise de volée qui touche le ballon un peu trop de l’intérieur alors qu’il voulait frapper du coup du pied. Fabregas ne peut pas marquer de près dans la foulée, ni Xavi qui reçoit un ballon chipé par ce dernier devant le gardien sur une passe trop courte de Carvalho. Calmement, le meneur de jeu catalan tire, mais le jeune Varane détourne sur la ligne.

Entre temps, les madrilènes, vraiment bons, récupèrent un bon ballon dans les 30 mètres, et c’est Benzema qui tire à côté sur un ballon que l’on croyait déjà au fond, alors qu’auparavant Ronaldo arrive un dixième de seconde en avance sur un centre paraît alors trop haut. Et Callejon offre une autre balle de but à Benzema à la sortie d’une offensive menée par Oezil. Pinto et Piqué battus, Alvez ferme bien le terrain pour tacler in extremis. Alors que son corps est projeté vers son propre but le ballon touche le bras droit chutant du Brésilien qui tente sur l’action de défier sa pesanteur. L’arbitre a raison de ne pas siffler penalty.  Le jeu est  catalan.  Mais le Real montre que le 5-0 inoubliable de 2010 n’est qu’un mauvais souvenir. Bien sûr,  l’arbitre oublie de siffler un coup franc contre Essien pour une faute sur Messi. Il sanctionne deux autres, l’un qui s’envole dans le ciel, mal frappé par le pied gauche de Messi, l’autre s’écrase sur la barre transversale par l’effet du pied velouté de Xavi.

Les Madrilènes refusent d’abdiquer. Entre la 30e et la 40e minute, un véritable match de boxe où les deux protagonistes cherchent systématiquement le ko se déroule à Bernabeu. Oublieux de l’essence de leur jeu, les Barcelonais ont tort de se prêter à cet exercice. Voilà un oiseau qui croit battre un bœuf en usant de la force. Durant les 5 dernières minutes, les hommes en bleu et rouge imposent à nouveau leur rythme et leur style au débat. Le jeu se pose donc, c’est-à-dire que les hommes trottinent en faisant courir le ballon. Moins à cause de la fatigue des Madrilènes que grâce aux savoir et savoir-faire des Catalans, la multiplication des passes courtes sur des surfaces en mouchoir de poche se généralise. Et cette fois, c’est le bœuf Madrid qui croit pouvoir rivaliser avec l’oiseau Barcelone dans le domaine de la voltige. Quand l’arbitre renvoie aux vestiaires sur le score vierge,  la sensation d’un Barça menant aux points est forte.

C’est peu dire que le match est beau d’autant plus que ni Messi ni Christiano n’évoluent à leur niveau. Les 20 autres, peut- être pas aussi grands que les deux susnommés, n’ont eu de cesse d’exposer une qualité de jeu à la dimension des exigences des puristes les plus exigeants. Le Real  est aussi amorphe au début de la deuxième mi-temps qu’il était tonique au coup d’envoi de la 1e. Barcelone le ballotte. C’est en toute logique qu’à la 50e minute, Messi offre la balle de but à Fabregas par un contre favorable de pressing  sur Alonso dans les 30 mètres.  Fabregas tire en force et bat Diego Lopez sans rémission.

Si on essaie de revisioner le match par la pensée, on retient que le Real a eu ses meilleurs moments quand Barcelone  s’est mis à évoluer dans son registre. Mal lui en prit de ne pas avoir marqué à ces moments d’aliénation barcelonaise, ce au contraire a donc fait Barcelone par Fabregas dans une conjoncture favorable.

Qu’est ce qui cogne l’esprit de Pedro, au moment où vous lisez ces lignes, lui qui devait offrir le 2e but à son club, dans un face à face avec Diego Lopez, alors que le Real semblait accepter  le destin du ko ? Peut-être que l’ailier de Barcelone voit repasser en boucle le jeu de son camarade Andres Iniesta, Saint André,  véritable ballerine en crampons, impossible de lui prendre le ballon des pieds, lui qui initie la contre-attaque conduisant au face à face de Pedro avec le gardien du Real par une déviation de la cuisse. Beau, sans  fioritures, dans le simple appareil d’un corps menu coordonné de manière telle que ceux-là qui, dans 100ans, viendront, diront : «coordonné comme les pieds d’Inesta».

La 2e mi-temps n’avait pas l’intensité de la 1e,  mais on a vu de beaux gestes après le contrôle talon-aux-fesses de Mezut Ezul autour de la 25e.  Ah, qu’ils furent admirables, ces deux tacles de Varane  et  Piqué privant sans le moindre contact physique Fabregas et Ronaldo de deux balles de but! Celui de Varane, parce que le Barcelonais l’avait devancé et que le pied de frappe s’armait, est authentiquement une œuvre d’art.

De Varane parlons –en. Impressionnant dès sa première apparition en équipe première du Real, il confirme à chaque match. Il serait un attaquant au même âge sortant des prestations dans les mêmes proportions, il aurait déjà compté une bonne dizaine de sélections en Équipe de France. Mais voilà, en France plus qu’ailleurs, plus envers les défenseurs que les attaquants, les entraîneurs croient dur comme fer qu’il faut éviter de brûler un jeune talent en l’appelant prématurément en Sélection. Il y a talent et talent. Il faut être de mauvaise foi pour se tromper sur ce Varane, un tout bon qui ne tremble pas face à Messi, un tout bon qui a déjà marqué un but sur corner direct de Mezut Oezil contre Rayo Vallecano et qui a donc récidivé sur un corner en deux temps mercredi, toujours servi par l’Allemand à la face  mélancolique. C’est le genre de buts qui enivre un stade. Plus, une ville. Qui marque un joueur et le promet au plus bel avenir. Qu’attend-on pour l’obliger à visionner tous les jours une trentaine de minutes du Kaizer Frantz Beckenbauer? Ses qualités mentales et physiques, sa profonde culture tactique enrichie des leçons du maître absolu en la matière devraient le promouvoir sans le moindre doute au statut de monstre défensif mondial.

Oëzil n’a pas que ciselé la passe du but égalisateur madrilène. Pèlerin, sa fausse lenteur l’a conduit aux quatre coins du terrain, bouchant les espaces aux adversaires, en créant pour ses partenaires et livrant des ballons comme une cheminée d’une usine en travail crache de la fumée. À part ses premières envolées de début de match, Christiano s’était  inscrit aux oubliettes malgré, peut-être à cause, d’un coup de tête raté à bout portant sur une balle il est vrai fuyante. Tout le jeu du Real reposait alors sur les épaules de l’Allemand clairvoyant, précis et généreux. Ne serait-ce que pour lui, il eût été injuste que ses partenaires rentrent aux vestiaires la tête baissée.

Qu’est-ce que cela donnerait si à Iniesta, Xavi, Busquets est associé Oëzil ? Que Dieu interdise que cela soit. Car le jeu contre Barcelone se limiterait  à aligner huit joueurs dans le but qui auraient comme mission de dégager à l’aveuglette espérant que le hasard facilite la tâche à l’un des trois de marquer. Barcelone a eu le ballon durant 61% du temps réglementaire. Et sur l’une de ces phases d’exercice de tauromachie, les Catalans se sont passés le ballon au moins 40 fois. A-t-on jamais vu le Real privé autant de ballons face à quelque autre adversaire ?

Pour la vérité, pour l’histoire, mais surtout pour la science, on a le droit d’espérer qu’un jour les joueurs du Real ou du Bayern, d’Arsenal ou de Manchester expliquent ce qui les empêche de jouer des ballons qui leur passent sous la semelle dans un espace pas plus grand qu’un mouchoir de poche quand ces ballons sont transmis de Messi à Xavi, De Busquets à Iniesta, de Fabregas à Alba.

Voyez-vous, pour tout ce que nous venons de dire, et qui a été vécu pour de vrai, et qui nous autorise de témoigner, le Bon Dieu a eu raison d’inspirer les étudiants de la petite de Canterbury en Angleterre au moment où au milieu du 19e siècle ils inventaient le football, source de bonheur qui fait mentir Gérard Dupervil quand il chante : «  Le bonheur parfait n’est pas de ce monde, chacun a ses peines, chacun a ses douleurs… » Ce mercredi 30 janvier, pas de peine, pas de douleur, rien que du bonheur.

Patrice Dumont

patricedumont21@hotmail.com

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