Thursday, May 2, 2024
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Mise en continuation de la séance de mise en accusation du président de la République

Au départ, il faut l’admettre: la réalisation de la séance de mise en accusation du président de la République, le mercredi 7 août 2019, avait du plomb dans l’aile. La preuve, pour une séance prévue à 10 heures du matin, il a fallu attendre qu’il soit 1 heure 40 minutes pour apercevoir une lueur d’espoir lorsque le vice-président de la Chambre Caleb Desramaux, à la tête d’un bureau édenté, a fait son entrée dans la salle de séance, au son de la cloche de l’huissier de séance. Avec lui, les députées Guerda B. Alexandre et Marie Gladice Saint Jean Lundi qui viennent siéger dans une assemblée clairsemée. Dans ce cas, il n’y a pas de quorum dans le bureau, et on a dû faire appel au député de Bassin Bleu Denis St-Fort pour le compléter.


Environ une heure plus tard, comme s’il avait entendu les critiques des assistants qui l’ont accusé de pratiquer le marronnage, le président de la Chambre basse, Gary Bodeau se pointe enfin à son bureau. Ouf de soulagement, puisque certains députés ont annoncé aux journalistes que le président « a peur de fréquenter l’espace à cause de la détérioration du climat sécuritaire du Parlement » marqué par un mouvement de manifestation spontanée.

 

2 heures 55, on s’élance dans un lassant appel nominal qui finit par accuser la présence de 88 députés. C’est la confirmation du quorum et la séance prend son envol. Mais cet envol est semblable à celui d’une autruche si l’on se rappelle que ce départ n’a rien changé dans la stratégie «  de faire passer le temps » des députés, car de 3 heures 14 à 4 heures 30, les élus du peuple n’ont discuté que de la proposition d’ordre du jour. Finalement, le président Gary Bodeau décide de trancher malgré l’opposition du député Sinal Bertrand qui a plutôt souhaité un passage au vote de l’assemblée.

 

Après 1 heure 16 minutes de litige, une séance de lecture de correspondances qui, par sa tiédeur, parvient à calmer les ardeurs et la lecture de certains articles ayant rapport avec une séance de mise en accusation du président de la République, la séance s’enlise au point 6 de l’ordre du jour qui prévoit la lecture de « l’acte de mise en accusation ».

 

À ce point, le bureau invite les députés ayant pris l’initiative de mise en accusation de gravir la tribune pour présenter « l’acte de mise en accusation », mais les opposants refusent de passer à cette étape et exigent qu’un ensemble de documents administratifs pouvant servir de corps du délit à leur démarche leur soient communiqués. Ils brandissent ainsi une correspondance adressée au bureau en date du 8 juillet 2019.

 

Puisque le bureau n’avait pas fait le suivi de cette demande et ne dispose pas de ces documents, l’opposition, en position de force, paralyse la séance pendant deux bonnes heures et contraint, à 6 heures 37 minutes, le président de la Chambre des députés à lancer : « J’appelle les trois présidents de blocs pour consultation ».

 

7 heures 20, Gary Bodeau revient et annonce la reprise de la séance mais la réaction des députés de l’opposition laisse comprendre que le terrain n’est pas totalement aplani jusqu’à ce que le président le confirme : «  Il n’y a aucune entente entre les présidents des trois blocs ». Ainsi, on renoue avec les vieux démons  avec une prêche du député de Ganthier/Fond-Verrettes Pierre Jude Destiné, interrompue par Antoine Rodon Bien-Aimé lui demandant de « ne pas blasphémer le nom de l’Eternel dans cette démagogie ».

 

C’est à ce point que le député de Léogâne Jean Wilson Hyppolite vient avec une proposition signée dit-il de 62 députés. Cette proposition exige la poursuite de la séance contrairement à la demande des députés de l’opposition qui souhaitent une mise en continuation de la séance, question de donner du temps au bureau pour réaliser les démarches visant à leur communiquer des documents pouvant prouver que le président Jovenel Moïse a violé la Constitution. Offusqués, les députés de l’opposition saisissent le micro et le monopolisent jusqu’à contraindre Gary Bodeau à mettre la séance en continuation. Il était 8 heures 37 minutes.

 

Samuel Celiné  (Le Nouvelliste)

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