Boston (MA) – 3 Novembre 2021 – Par Julio Midy – Si après trois quart de siěcle d’immigration cette question suscite encore un débat,on doit reconnaitre que la notion de communauté n’a jusqu’a date une définition unique.
De Aristote, en passant Ferdinand Tönnies pour arriver à Webert, les recherches approfondies de ces sociologues à réputation mondiale n’arrivent pas à atténuer le débat sur la définition de la notion “communauté”.
Fort de ses 90.000 haitiens vivant dans l’Etat du Massachusetts dont près de 30.000 ont le droit de vote, la “communauté haitienne” vient de poser son jalon dans l’histoire de la ville de Boston en contribuant à l’élection de la première conseillère municipale américaine d’origine haïtienne.
Pour y arriver, les leaders politiques ont finalement compris qu’il ne faut plus faire la politique avec les pieds. Leur stratégie a été modifiée, pour le bien de la cause ils ont été divisés en deux camps, une équipe menée par Bernadette Adonis, Jacques Dady Jean et Junior Mengual supportait la candidate Anissa Esaïbi George, tandis que la bande qui supportait la candidate Michelle Wu était conduite par Jean Claude Sanon,Kerby Roberson et Oswald Neptune.
Boston a eu une intense campagne électorale, les débats à la radio,à la télévision. Des spots publicitaires tournaient en boucle sur les stations de radio. Les réseaux sociaux ont été largement utilisés pour promouvoir le programme électoral des deux candidats. La contribution financière de la communauté haitienne renflouait le compte des deux candidates.
Les Haïtiens ont encore du chemin à faire pour devenir une vraie force dans l’arène politique, les leaders réligieux, les jeunes professionnels doivent joindre la cause en grand nombre.
L’heure n’est plus aux émotions, au “pierre qui roule” et surtout au chen manje chen. Ils ont un nombre assez significatif d’électeurs, ils peuvent contribuer financièrement,et la compétence des candidats ne se fait pas rare, d’ailleurs Ruthzee Louijeune en est la preuve.
Née a Boston de parents haitiens le 1er Aout 1987,Ruthzee a fait ses études secondaires à Boston Latin Academy. Elle a obtenue en 2008 une licence en Etudes francophones et Science Politique à Columbia University. Elle a étudié le Droit à Harvard Law School et obtenu une Maîtise en Administration Publique de la prestigieuse Kennedy School of Government. Avocate de profession, Ruthzee a travaillé à ce titre dans la campagne électorale de la sénatrice Elizabeth Warren.
Comme son bébé, la communauté haitienne a porté sa candidate Ruthzee Louijeune au Conseil municipal de Boston. Fini les élections, attelons-nous au travail. La recrue qui vient de faire histoire,sera-t-elle capable de satisfaire les besoins d’une communauté soif de tout et qui n’arrive pas a comprendre que certes, la conseillère municipale est d’origine haitienne, mais son job est de servir tous les résidents de Boston?
Bénéficiera-t-elle de la patience et de la compréhension de ceux qui ne la pardonneront pas d’avoir franchi le rubicon? La petite fille de Mattapan, femme, d’origine haitienne, malgré sa grande formation académique, ses préjugés pèseront- ils dans la balance?Nous sommes aux Etats unis,surtout dans le Massachusetts, “smell the coffee”.
Madame la conseillère, aura t-elle les moyens de sa politique? Fera-t-elle le jeu de l’etablishment ou celui de ses mandants?
Beaucoup de questions ! Pas une seule réponse, donnons du temps au temps, la conseillère aura à répondre à ces questions par des actes palpables et l’electorat donnera son verdict aux prochaines élections dans deux ans.
Suivez le dernier entretien accordé à Jean-Claude Sanon par RUTZEE LOUIJEUNE quelques jours avant les élections du 2 Novembre 2021 .
