Sunday, April 28, 2024
HomeGeneralHarvard- Cambridge “La bonne gouvernance: l’une des conditions sine qua non du...

Harvard- Cambridge “La bonne gouvernance: l’une des conditions sine qua non du fonctionnement de régimes démocratiques sur le continent africain » selon le président sénégalais Macky Sall

Président Macky Sall du Sénégal«L’Institut de Politiques » de la JFK School of Government (Harvard University) a accueilli hier vendredi le président Macky Sall du Sénégal pour lancer une conférence de deux jours sur l’Afrique organisée en collaboration avec plusieurs associations d’étudiants africains dont Harvard African Law Association, Harvard Kennedy School Africa Caucus, Harvard School of Public Health Africa Health Student Forum, Harvard African Student Association, Harvard Medical School Africa Health and Advocacy Group ….
Le président sénégalais a été introduit par M. David T. Ellwood (PhD), professeur d’Economie politique et Doyen de la JFK School of Government depuis 2004.

En dépit  des chutes de neige avoisinant les 45 à 60 centimètres et d’une température peu clémente (-6 degrés), plus de 350 ressortissants et étudiants africains de la région ont pris d’assaut très tôt dans l’après-midi les différents compartiments du petit auditorium de la JFK School of Government pour venir écouter le président Macky Sall présenter sa « Vision pour le Sénégal », une an le 25 Mars prochain, depuis l’écrasante victoire  (66 %) de son parti «Alliance pour la République » lors du deuxième tour de la présidentielle l’opposant au président sortant Abdoulaye Wade.

«Ma vision pour le Sénégal est déterminée par ce que nous sommes, un petit pays par la taille, certes, mais qui partage avec les Etats-Unis des valeurs essentielles : la foi en Dieu, le sens de la famille, le culte du travail, l’attachement à la démocratie et à la liberté » a lancé en guise d’introduction le 4ème président du Sénégal qui invita l’assistance à avoir une pensée spéciale, ce 8 Mars, à tous ceux qui, de par le monde, luttent pour le respect des droits de la femme.

Avant de présenter les mesures adoptées par son gouvernement depuis son accession au pouvoir le 2 avril 2012, le président Macky Sall a tenu à rappeler certains facteurs qui ont mis le Sénégal à l’abri des clivages qui alimentent souvent les conflits et les guerres sur le continent en Afrique.

«Au Sénégal, 95% de musulmans cohabitent en parfaite symbiose avec 5% de chrétiens et autres dans le respect de nos diversités ». Il a cité en exemple le cas du premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, un catholique appartenant à une minorité ethnique qui a pu diriger ce pays nouvellement indépendant entre 1960 et 1980 en remportant à chaque fois un vote massif des électeurs.

Ce rappel a toute son importance compte tenu des atrocités commises sur le continent africain au cours de ses 60 dernières années au nom de la lutte tribale, ethnique ou religieuse : Zimbabwe (ancienne Rhodésie), la République démocratique du Congo (Ex Zaïre), Angola, Côte d’Ivoire et le génocide au Rwanda entre le 6 avril jusqu’au 4 juillet 1994 avec environ 1 million de cadavres tutsis. Aujourd’hui encore, musulmans et chrétiens s’entretuent au Nigéria au nom de Dieu alors que le nouveau président élu du Kenya, Uhuru Kenyatta, est inculpé pour crimes contre l’humanité par la Cour Pénale Internationale (CPI).

Délégation accompagnant le président Sall aux Etats-Unis«La chance du Sénégal c’est le sentiment d’appartenir à une même nation qui, bien avant l’indépendance, choisissait ses députés pour la représenter dans certaines instances de la France coloniale » a  rappelé le président Macky Sall. Cependant, tout n’a pas été toujours rose au Sénégal depuis l’indépendance en 1960. Le fonctionnement des institutions a été sérieusement ébranlé au cours des trois dernières années (2009-2012) du second mandat du président Abdoulaye Wade. Des cas de corruption et de népotisme ont été dénoncés tant par l’opposition que par les membres du parti au pouvoir, le PSD (Parti Démocratique Sénégalais). C’est d’ailleurs dans ce contexte politique très mouvementé que Macky Sall, alors président de l’Assemblée Nationale, décida de convoquer pour audition Karim Wade (fils du chef de l’Etat) accusé de détournement de fonds  et de corruption au sein de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (ANOCI) dont il assurait la présidence.

Sans vouloir donner plus de détails sur ce brûlant dossier (sénégalo-sénégalais) qui ne fait pas honneur à la présidence d’Abdoulaye Wade, Macky Sall  a expliqué avec une certaine amertume son départ du PSD (Parti Démocratique Sénégalais) en Novembre 2008 après une longue carrière politique comme directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN), conseiller spécial du président, ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique, ministre d’Etat de l’Intérieur et des Collectivités locales et Premier Ministre entre 2004 et 2007. En collaboration avec des dissidents du PSD, l’ancien chef de gouvernement créa en décembre 2008 l’Alliance pour la République (ARP).

«C’est sous les couleurs de ce parti que je me suis relancé dans l’arène politique en remportant les élections locales pour devenir maire de son fief natal Fatick » a ajouté  Macky Sall, ingénieur-géologue et géophysicien, un produit de l’institut des Sciences de la terre de Dakar et de l’Institut français du pétrole de Paris.

Démocratie et développement en Afrique
Prêts à poser des questionsSur ce sujet passionnant, sujet de thèse de mémoire dans  de nombreux centres universitaires depuis l’accession des pays africains à l’indépendance, le président sénégalais pense que le changement démocratique n’est pas un exercice facile. «La démocratie n’est pas une affaire de texte mais aussi et surtout de vertus, de respect des droits naturels des peuples aux libertés et à la justice sociale », cette phrase lancée avec conviction allait servir de pont non seulement au « projet de société » proposé par Macky Sall aux électeurs sénégalais lors de la campagne présidentielle mais aussi et surtout aux actions gouvernementales pour faire « atterrir ce projet » dans la glaise du réel au bénéfice de la population.

Parmi les grands défis à la démocratie et au développement en Afrique, le président Sall relève en tout premier lieu la bonne gouvernance qui figure d’ailleurs au premier plan de son projet de société. Réduction de la taille du gouvernement et du train de vie de l’état, rationalisation des institutions, restructuration de l’administration par la suppression d’agences et d’organismes, instauration de déclaration de patrimoine pour le président de la république, telles sont, entre autres, les mesures prises depuis avril 2012 par la nouvelle équipe au pouvoir au Sénégal en vue d’une meilleure gestion de la «res publica ». Un poste de ministre de la promotion de la bonne gouvernance a été créé au sein du gouvernement que dirige M. Abdoul Mbaye. Le titulaire de ce ministère M. Abdou Latif Coulibaly était présenté à l’assistance par le président Sall. Des institutions ont été également mises en place pour promouvoir la transparence, lutter contre la corruption  et récupérer les biens publics mal acquis.

«Je suis déterminé à poursuivre ces exigences éthiques et démocratiques» a martelé le président sénégalais Macky Sall en guise de conclusion sur la bonne gouvernance, ce nouveau paradigme qui, dit-il, remet en cause d’énormes intérêts à tous les niveaux et dans tous les domaines.

La justice sociale
Vue de l'assistanceUn autre défi relevé par le 4ème président du sénégal, Macky Sall, lors de la présentation de sa vision pour son pays à l’auditorium de l’Institut de Politiques » de la JFK School of Government (Harvard University) à Cambridge (Massachusetts) vendredi dernier.

«La justice sociale et l’amélioration de la condition humaine font partie intégrante de l’idéal de démocratie »  rappelle le conférencier qui insiste plus loin sur le fait que « bâtir des institutions nécessite d’aller au-delà de la rhétorique habituelle de la démocratie et des élections ». En d’autres termes, la paix et la stabilité ne sont pas forcément garanties seulement par l’organisation d’élections. Pour étayer sa thèse, Macky Sall citera le 35ème président des Etats-Unis, John F. Kennedy : «Si une société libre ne peut rien faire pour les masses de pauvres, elle ne pourra pas protéger les minorités de riches » avant d’ajouter que «la pauvreté extrême engendre la révolte, l’extrémisme et la  déstabilisation ».

Pour instaurer une plus grande justice sociale, le président Sall a énuméré l’exécution de nombreux projets sociaux dont la bourse de la sécurité familiale qui apporte un complément financier aux familles les plus favorisées tout en reconnaissant que la réduction de la fracture sociale passe par la création d’emplois qui doivent être créés au Sénégal en consacrant «les efforts et les investissements  sur l’agriculture, l’énergie et les infrastructures ».

Concernant l’aide internationale, le président sénégalais rencontrera son homologue américain Barack Obama lors d’une visite officielle à Washington à la fin de ce mois.

«Nos relations avec ce pays ami sont toujours très fructueuses depuis notre indépendance. Le montant de l’aide américaine l’année dernière est de l’ordre de 540 millions de dollars » a affirmé Macky Sall qui espère solliciter  du président Obama une implication plus active des Etats-Unis dans le cadre de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali).

Membres de la délégation accompagnant le président Macky SalEn effet, en dépit de l’entrée en vigueur de la résolution 2085 de l’ONU autorisant le déploiement d’une force d’intervention africaine de 3000 hommes en vue de reprendre le contrôle des régions du Mali occupées par le mouvement Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), seules les troupes françaises, tchadiennes et maliennes sont présentes sur les champs de bataille. De nombreux pays africains, dont le Sénégal, se plaignent de l’absence de moyens logistiques pour respecter leurs engagements.

«Nous allons également discuter avec le président Obama sur les possibilités de nous accompagner dans la mise en place de grands projets d’infrastructures dans la cadre du NEPAD, le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique » a annoncé Macky Sall tout en précisant que le continent africain est «désormais à la recherche d’un partenariat pour se développer».

- Advertisment -

LES PLUS RECENTES