Vingt ans après la victoire de la France face au Brésil lors de la finale de la Coupe du monde 1998, l’histoire de Ronaldo, et de son malaise avant la rencontre, a toujours suscité de nombreuses interrogations, voire même de nombreux fantasmes. Retour sur cet événement.
On se souvient du récital des Bleus, du doublé de Zidane, du «Et un, et deux, et trois zéro !», de la liesse partout en France. Mais de ce 12 juillet 1998, il y a une histoire qui a toujours conservé son lot de mystères : elle concerne Ronaldo, attaquant vedette de la Seleçao et star internationale de l’époque qui, à Saint-Denis, réalise, à l’image de son équipe, une finale plus que décevante. L’impressionnant duel avec Fabien Barthez est d’ailleurs jugé par certains comme le tournant du match. Pour le joueur de 21 ans, cela a correspondu au moment où il a perdu ses moyens.
Mais au fur et à mesure des jours, des mois, et même des années, les révélations sur le cas Ronaldo n’ont cessé de paraître. Tout a commencé par ce qui semblait être un quiproquo, un peu plus d’une heure avant le coup d’envoi de la finale. Le Ballon d’Or France Football 1997 n’apparaît pas sur la feuille de match, remplacé par Edmundo. Stupeur. Mais tout rentre dans l’ordre au moment de l’échauffement : Ronaldo est bien là, avec les titulaires. Il sera à la pointe de l’attaque des champions du monde en titre. Était-ce un coup de bluff pour déstabiliser les Français ? Probablement pas, quand on sait qu’Edmundo avait été chargé du marquage sur Zinédine Zidane lors les coups de pied arrêtés, et que la consigne n’a semble-t-il pas été transmise au Fenomeno. Avec les conséquences que l’on connaît.
Des examens cardiaques et neurologiques
À l’issue du match et le lendemain, les Français ne font que célébrer leurs héros, pointant tout juste une prestation décevante de l’avant-centre auriverde. Au Brésil, en revanche, Ronaldo est désigné comme un des principaux responsables de la défaite. Au fur et à mesure que les heures passent, on en apprend toujours plus sur les coulisses de cette finale. D’abord, le numéro neuf aurait fait un malaise peu avant le coup d’envoi. Puis, il a été question d’une crise d’épilepsie dans la nuit du 11 au 12 juillet. Les langues des principaux intéressés se délient progressivement. Lidio Toledo, médecin de la sélection, annonce alors que Ronaldo a été transporté à la clinique des Lilas, en région parisienne, dans la nuit précédant la finale, afin d’effectuer des examens cardiaques et neurologiques. Ce dimanche 12 juillet, Il Fenomeno y reste une partie de la journée, et il n’est question pour personne qu’il joue contre la France. Pour réconforter et remotiver ses joueurs, le sélectionneur Mario Zagallo leur rappelle que le Brésil de 1962 a gagné la Coupe du monde sans Pelé, blessé. Alors, pourquoi Ronaldo a-t-il finalement joué ?
Ronaldo qui fait un malaise la veille de la finale 98 ? Affaire tjrs pas encore élucidée ?
Roberto Carlos se met à paniquer et sort de la chambre en criant «Ronaldo est en train de mourir.»
Pour certains, comme le père du joueur, le sélectionneur n’a pas hésité quand il l’a entendu dire qu’il se sentait «entier». «Je ne pouvais pas laisser 160 millions de Brésiliens déprimés, en leur disant que le meilleur joueur au monde n’allait pas disputer la finale de la Coupe du monde», s’est par la suite justifié le sélectionneur. Cependant, Ronaldo aurait lui aussi fait le forcing pour être aligné : «il m’a dit qu’il se sentait bien», a martelé Zagallo. En rentrant au Brésil, Zico, adjoint de ce derrnier, a fustigé ce choix : «C’était une erreur.» Mais les plus remontés sont allés jusqu’à s’en prendre à la marque Nike, chez qui Ronaldo disposait d’un énorme contrat et qui aurait considérablement poussé pour que sa tête d’affiche soit sur le terrain.
Mais que s’est-il exactement passé dans la chambre 290 du Château de la Grande Romaine, la nuit précédant la finale ? Alors que Ronaldo est en train de regarder un grand prix de Formule 1, allongé sur son lit, il s’évanouit. Son compagnon de chambre, Roberto Carlos, se met à paniquer et sort de la chambre en criant «Ronaldo est en train de mourir !» Edmundo et les médecins sont les premiers à arriver, et Il Fenomeno reprend ses esprits, sans aucun souvenir des terribles minutes qui viennent de s’écouler. «Quand le docteur m’a raconté ce qu’il s’est passé, j’étais très choqué», a ensuite confié le joueur.
Il serait en fait passé tout proche de la mort
En fait, l’attaquant de 21 ans est passé tout proche de la mort, si l’on en croit les spécialistes. «Les médecins français se sont fiés au diagnostic de la crise d’épilepsie émise par Roberto Carlos et non par un médecin», expliquait Bruno Caru, président de la société italienne de la cardiologie du Sport, à Mediaset en 2012. Or, ce n’était pas une crise d’épilepsie mais un problème cardiaque : Ronaldo était à dix-huit pulsations par minute en arrivant à l’hôpital. «Ils lui ont donné un médicament très puissant, bon pour l’épilepsie mais pas recommandé pour les problèmes cardiaques. Ils ont donné un sédatif très lourd, le Gardenale, qui a été utilisé par Marylin Monroe pour se suicider. Ce sédatif réduit et inhibe fortement l’activité cérébrale.»
Dans son livre Dopage dans le football paru en 2010, Jean-Pierre de Mondenard émet des hypothèses sur les raisons possibles du malaise du Fenomeno : «Il souffrait des genoux depuis le début du Mondial et le staff médical lui faisait des infiltrations pour qu’il puisse jouer malgré son handicap. De plus, ce genre de produits contient un anesthésique qui peut, s’il est injecté en partie dans un vaisseau sanguin, provoquer un choc avec perte de connaissance pouvant passer pour une crise d’épilepsie.» Quoiqu’il en soit, l’affaire Ronaldo reste une histoire aussi sombre que méconnue de la glorieuse finale de 1998.
Florent Le Marquis (France Football)