Thursday, April 25, 2024
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New-York: La diaspora peut-elle jouer un rôle plus important dans les affaires haïtiennes?

Pour répondre à cette question aussi vieille que la Constitution de 1987 mais toujours d’actualité, la Chambre de Commerce Haïtiano-Américaine (Amcham) a fait choix de Me Lyonel Jean-Baptiste, président d’un “Front Uni de la Diaspora”, la journaliste Jacqueline Charles de Miami Herald et du député de Pétion-Ville Jerry Tardieu auteur récemment d’une proposition de loi sur la nationalité et président du Groupe Parlementaire à l’Écoute du Peuple (GPEP) ) à la Chambre basse..

A l’Hôtel Radisson de New-York vendredi soir, 300  “fous” de la terre natale venus de larégion (New Jersey, Maryland ….) mais aussi du Massachusetts, de l’Illinois, de Montreal étaient présents avec “leur cahier des charges”, leurs frustrations et bien sûr leur solution miracle pour “Haïti Chérie”. Cette conférence s’est déroulée en présence de plusieurs repréentants du gouvernement haïtien aux Etats-Unis dont Denis Régis, ambassadeur d’haïti aux Nations-Unies, le consul général d’Haïti à New-York Me Peter Helder Bernard, sa collègue d la Nouvelle-Angleterre Me Marjorie A. Brunache et d’une délégation d’hommes d’affaires haïtiens membres de la AMCHAM venus d’Haïti,

Après une brève présentation des conférenciers du jour par Régine René-Labrousse, 1ère Vice-Présidente de la AMCHAM, Me Lyonel Jean-Baptiste, au nom du “Front Uni de la Diaspora” tenait d’abord à rappeler la contribution de la diaspora haïtienne avec plus de 2 milliards de dollars injectés annuellement dans l’économie haïtienne à travers les transferts, “ce réservoir” de compétences éparpilllées aux qautre coins de la planète, le combat mené par les haïtiens vivant à l’étranger pendant plus d’un quart de siècle (1960-1986) pour renverser la dictature des Duvalier et la résistance menée au début des années 90 en vue de restaurer l’ordre constitutionnel en Haïti à la suite du coup d’Etat contre l’ex-président Aristide.

“La diaspora haïtienne a été sur tous les fronts pendant longtemps en vue de permettre à nos frères de l’intérieur de recouvrer leurs droits civils” a dit Me Lyonel Jean-Baptiste, juge depuis 2011 et premier élu d’origine haïtienne (conseiller municipal de la ville d’Evanston) dans l’Etat de l’Illinois.

Concernant le débat sur la nationalité, l’ancien président de “Congress to Fortify Haïti” a revêtu sa toge d’avocat pour un passionnant playdoyer en faveur de l’application pure et simple de la Constitution de 1987 amendée qui stipule dans son article 11 : “Possède la nationalité haïtienne d’origine, tout individu né d’un père haïtien ou d’une mère haïtienne qui eux-mêmes sont nés Haïtiens et n’avaient jamais renoncé á leur nationalité au moment de la naissance. La renonciation de la nationalité s’entend d’une déclaration officielle devant un tribunal haïtien, conformément à la loi”.

“La bataille ne fait que commencer. Nous devons nous  mobiliser en vue d’aboutir à une intégration pleine et entière des haïtiens vivant à l’étranger dans les différentes sphères d’activités de leur pays” a martelé Me Lyonel Jean-Baptiste qui est revenu sur la visite effectuée en Haïti à la fin du mois de juillet dernier par des représentants de plusieurs organisations de la diaspora haïtienne – visite au cours de laquelle ils ont rencontré le président provisoire Jocelerme Privert, des membres du parlement haïtien dont le député de Pétionville Jerry Tardieu.

“Nous sommes une famille divisée”
Jacqueline Charles

Correspondante du quotidien Miami Herald pour la région des Caraïbes, Jacqueline Charles, journaliste haïtienne née aux Iles “Turks & Caicos” et résidente en Floride, connait, peut-être, mieux que quiconque  les frustrations de la diaspora par rapport aux faiblesses des institutions haïtiennes.  Témoin privilégié des catastrophes politiques et naturelles qui ont frappe Haïtu au cours de ces dernières années, appréhende aussi les sentiments des compatriotes vivant à l’intérieur face à “une diaspora parfois arrogante”. Et, sans détours ni décorations, elle l’a craché haut et fort comme elle le fait dans ses nombreux reportages sur Haïti. L’assistance semblait accuser le coup.

“They resent us. They don’t like us  (Ils NOUS en veulent. Ils ne NOUS aiment pas)” lance en souriant Jacqueline Charles qui affirme ainsi clairement (NOUS) son appartenance à la diaspora haïtienne. Pour recoudre le tissu familial, elle souhaite ardemment un vrai dialogue entre ses membres.

“Nous sommes une famille divisée. Nous devons avoir une conversation sincère sur nos désaccords en nous inspirant des modèles de pays de la région avec des problèmes similaires’ lance la journaliste qui rappelle en passant “les frictions inter-générationnelles au sein de la diaspora”.

“Ou pale Kreyol avek aksan. You speak English with an accent” avance plus loin Jacqueline Charles sans mentionner un autre conflit culturel: l’éternel débat Créole-Français dans les milieux haïtiens à l’étranger. La langue-première considérée comme la projection de “l’identité culturelle”  (même de l’haïtianité diraient les plus radicaux et la langue de Voltaire comme outil et terrain d’expression  d’un certain élitisme.

Comment gérer sinon limiter ces frictions que nous avons apportées dans nos malles à l’étranger? La réponse n’est pas pour demain dans la mesure où la diaspora haïtienne (particulièrement) est divisée en petites chapelles dirigées par de “petits” caciques modernes.

Autre sujet de préoccupation, semble-t-il, pour la journaliste de Miami Herald : la multitude d’organisations à but non-lucratif qui poussent à chaque coin de rue dans les communautés haïtiennes à l’étranger. “Cessez de créer de nouvelles organisations. Il y en a déjà trop” conseille Jacqueline Charles qui pense “nous  (la diaspora) répétons les mêmes erreurs que ceux qui vivent à l’intérieur du pays”. A titre d’exemple, elle mentionne le nombre incalculable de compatriotes qui se portent candidats aux fonctions électives.

“On peut apporter une contribution au développement  d’Haïti en dehors du champ politique”  devait conclure la journaliste-corespondante du Miami Herald dans les Caraïbes.

“L’intégration de la diaspora doit commencer avec la loi et la Constitution”
(Jerry Tardieu)

Intervenant principal (keynote speaker) à cette conférence de la Chambre Haïtiano-américaine de Commerce (AMCHAM) vendredi dernier à l’hôtel Radisson de New York, le député de Pétionville Jerry Tardieu a d’abord situé le cadre de son combat en faveur d’une intégration effective de la diaspora haïtienne.

“Mes promesses de campagne constituent les trois axes de mes priorités au parlement haïtien, à savoir l’investissement économique, le renforcement des institutions et l’intégration de la diaspora” a schématisé le parlementaire.

Présentée lors de la première session parlementaire de la 50ème législature par le député Tardieu, la proposition de loi sur le financement de l’investissement par le crédit-bail (leasing) “vise à élargir le crédit aux classes moyennes et aux couches défavorisées” qui vivent en marge du système financier haïtien..

“Financer un projet d’investissement est extrêmement difficile pour la majorité des haïtiens. Il faut donc être inventif pour créer de nouveaux outils adaptés à des problèmes réels” a expliqué Jerry Tardieu rappelant au passage la corrélation entre l’instabilité politique et une circulation réduite de capitaux dans le pays.

Autre promesse électorale transformée en initiative législative évoquée par le député de Pétion-Ville: la proposition de loi présentée le 3 Mai dernier modifiant la loi du 29 Novembre 1994 portant création de la Police Nationale d’Haïti. “Il faut moderniser, renforcer la PNH afin qu’elle puisse répondre à sa double mission qui est de protéger et servir”.

La loi sur la nationalité du Député Tardieu

C’est peut-être le sujet qui a motivé le déplacement de tout ce beau monde en ce début de cette longue fin de semaine (2-5 Septembre) de la Fête du Travail aux Etats-Unis.

“La Constitution haïtienne de 1987 amendée reconnait le principe du cumul des nationalités (plurinationalité) alors que la loi de 1984, toujours en vigueur, affirme tout à fait le contraire avec ce passage implacable :la nationalité haïtienne se perd par naturalisation acquise en pays étranger” ma proposition de loi déposée récemment au parlement va éclaircir de façon définitive ce flou juridique, objet de débats contradictoires au sein de la société haïtienne, a résumé l’auteur de “Mon Combat en faveur des Haïtiens à l’Etranger: Un Devoir patriotique”.

La proposition de loi sur la nationalité du député de Pétion-Ville qui sera débattue à la prochaine session parlementaire (Janvier 2017) prévoit un amendement constitutionnel garantissant à tous les haïtiens “la plénitude et la jouissance de leurs droits politiques”. Cette proposition de lio, faut-il le rappeler, prévoit la création de circonscriptions électorales dans les pays où vivent de fortes concentrations d’Haïtiens. En un mot, les communautés haïtiennes d’outre-mer auront leurs représentants au parlement.

“Beaucoup d’obstacles resetent à surmonter car il y a en Haïti des gens qui considèrent le champ politique comme leur chasse gardée” reconnait cependant le Chef de file du Groupe Parlementaire à l’Écoute du Peuple (GPEP) à la Chambre basse qui invite les haïtiens vivant à l’étranger à supporter son combat visant à assurer leur intégration effective dans toutes les sphères d’activités de leur pays d’origine.

“J’aimerais changer le cours de l’histoire de notre pays mais je ne peux pas le faire sans votre support” a martelé le député Jerry Tardieu tout en invitant la diaspora à parler d’une seule voix.

“Une diaspora haïtienne mieux organisée peut faire avancer la loi sur la nationalité”.

Les remerciements du député Tardieu à la fin de la conférence.

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