Friday, April 26, 2024
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Le BCEN change les règles, les contestataires abandonnent la verification

Le PHTK est le seul parti politique ayant pris part à la troisième journée de vérification au Centre de tabulation. Parce que le tribunal électoral a décidé, soudainement, de changer les règles du jeu, les organisations politiques LAPEH, Fanmi Lavalas et Pitit Dessalines, pour lesquels le BCEN s’est transporté au Centre de tabulation des votes (CTV), ont décidé d’abandonner le processus de vérification exigeant le retrait des nouvelles mesures du tribunal.

De 5h de l’après-midi à 10 heures du soir jeudi, le BCEN et le PHTK ont vérifié quarante procès-verbaux de plus sur les 364 PV soumis au tribunal électoral par Jude Célestin. Ce que le BCEN peinait à faire en une journée, il l’a fait en quelques heures, mais sans la présence des parties contestataires, les principaux concernés.

Pour essayer d’aller plus vite avec le processus de vérification qui avançait à pas de tortue, le BCEN a décidé d’appliquer l’article 77 des règlements du contentieux électoral et imposer des restrictions sur le maniement des procès-verbaux. Désormais, les parties aux CTV ne pourront plus toucher les PV. Pour observer ce précieux et sensible document, ils n’ont qu’à se tenir dernière un juge électoral ou un technicien du CTV.

L’article 77 des règlements du contentieux électoral stipule : « Les candidats ou leurs représentants participant à la réalisation de la mesure d’instruction ne peuvent interrompre ou interférer dans le travail des juges et/ou des experts dans le cadre de l’exécution de la mesure d’instruction. Toutefois, ils pourront noter les points à débattre à la reprise de l’audience. »

Selon Yvon Feuillé, représentant de Fanmi Lavalas au CTV, l’article 77 des règlements du contentieux électoral est un prétexte utilisé par le BCEN pour favoriser le PHTK dans le « coup d’État électoral ». « Le tribunal s’est transporté au Centre de tabulation à la suite de notre requête pour rétablir la vérité en faisant appliquer les critères de l’article 171.1 du décret électoral pour comptabiliser les procès-verbaux », a-t-il rappelé.

L’ex-sénateur Lavalas a dénoncé le fait que le BCEN interdit maintenant aux parties de toucher les procès-verbaux. Pour Yvon Feuillé, il n’est pas normal de leur demander de rester debout pendant une journée à vérifier des procès-verbaux. De plus, les contestataires ne pourront plus faire part à la cour de leurs griefs le jour même de la vérification.

« Tout ce qui se fait sans nous, les parties contestataires, est nul, parce que c’est nous autres qui avions demandé la vérification. Nous n’accepterons pas que le BCEN dans la complaisance avec le PHTK bafoue la vérification », a-t-il dit.

De son côté, le PHTK salue cette décision de restriction prise par le BCEN en s’appuyant sur l’article 77 des règlements du contentieux électoral. Selon Guichard Doré, conseiller politique de Jovenel Moïse, les parties au CTV n’avaient pas à manipuler les procès-verbaux. « C’est dans le souci de sécuriser les matériels électoraux que le tribunal a pris cette décision. Les parties peuvent regarder les PV sans les manipuler », a-t-il dit avec satisfaction.

Il a critiqué les contestataires qui, selon lui, font traîner le processus de vérification dans le but de retarder la date de la publication des résultats définitifs de la présidentielle prévue le 29 décembre prochain. Il a minimisé le fait que les contestataires ont abandonné la salle de vérification au CTV, soulignant de façon ironique que personne ne peut restreindre leurs mouvements. « La liberté de circuler fait partie des droits de l’homme », a-t-il dit.

La vérification ne se fait pas pour les partis politiques, mais pour l’édification des juges électoraux, de l’avis de Guichard Doré. « Contestataires ils ont été, contestataires ils sont et contestataires ils resteront. On ne construit pas de démocratie avec des contestataires, mais avec des démocrates pour consolider les institutions… », a-t-il fulminé.

Sur les 364 PV déposés par Jude Célestin, 68 ont été vérifiés mercredi, selon les contestataires, 71 selon le PHTK. « 24 d’entre les 68 ont été mis à l’écart pour fraudes. Jovenel Moïse a gagné dans 21 de ces PV. Les 44 autres comptabilisés comportent beaucoup de fraudes et d’irrégularités », a fait savoir Yvon Feuillé. Sur les 1 560 PV, soit 12% au total qui devront être vérifiés, 1 169 seront choisis de façon aléatoire puisque 391 PV ont été déjà soumis au BCEN par les candidats à la présidence Jude Célestin et Moïse Jean-Charles. Mardi dernier, le BCEN avait vérifié les 27 PV déposés par Moïse Jean-Charles. Mercredi, le tribunal a démarré avec la vérification des 364 PV de Jude Célestin en vérifiant le jour même entre 68 et 71 PV. Jusqu’à 10 heures du soir ce jeudi, le tribunal avait vérifié quarante PV de plus avant de terminer la troisième journée pour donner rendez-vous ce vendredi.

Il faut rappeler que le BCEN est composé des conseillers électoraux Josette J. Dorcelly et Jean Simon St-Hubert qui n’avaient pas signé les résultats ; des avocats Jacky C. Pierre et Joseph Briel Latice ; et du juge Joazéus Agnès.

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