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La sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN) : un défi majeur de gouvernance administrative en Haïti

Port-au-Prince, 8 novembre 2017. L’audit organisationnel de la problématique  de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, démarré en Haiti en mars 2017, a livré aujourd’hui ses premiers résultats, dans le cadre d’un atelier de restitution organisé au siège de la Primature, en présence des représentants de l’Union européenne, des Ministres de  l’Agriculture, des ressources naturelles et du développement rural, de la Santé publique et de la population, des Affaires sociales et du travail, de l’Educatio nationale et de la formation professionnelle, et d’autres organismes de l’Etat concernés par cette thématique

Cet audit, mené avec l’appui financier du Programme SBC de l’Union européenne, devait contribuer à faire un état des lieux de la situation organisationnelle de la problématique SAN en Haiti, d’identifier les différents facteurs d’ordre à la fois institutionnel et juridique qui entravent l’efficacité de l’action publique dans ce secteur, de proposer des pistes d’action pour améliorer notamment la coordination et le dialogue entre les différents acteurs tant nationaux qu’internationaux, dans l’optique d’une meilleure gouvernance de la SAN.

Participant à cet atelier, l’ambassadeur de l’Union européenne M. Vincent Degert, a déclaré:” Le défi confronté par Haiti sur cette question justifiait l’initiative de cet audit, qui permet aujourd’hui d’établir un diagnostic précis des facteurs qui entravent l’élaboration et la mise en œuvre de politiques adaptées pour combattre le mal de la faim et de la malnutrition aigüe, principales manifestations du fléau de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en Haiti.”

Et d’ajouter:” L’efficacité des actions en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle passe obligatoirement par une coordination réfléchie des interventions des acteurs nationaux et internationaux, un arbitrage politique clair pour fédérer l’ensemble des acteurs intervenant dans cette thématique multisectorielle, des moyens et des ressources conséquents, dans l’optique d’une gouvernance effective de la SAN”.

Le présent audit organisationnel avait pour but d’effectuer une « photographie » de la gouvernance de la SAN en Haïti et d’élaborer, avec toutes les parties prenantes, des propositions de recommandations pour améliorer la gestion du secteur et renforcer les principales Institutions (MARNDR, CNSA, MSPP et MAST) intervenant dans le SAN.

En effet, la principale préoccupation est que la gouvernance de cette thématique implique de très nombreux acteurs institutionnels (centraux, déconcentrés et décentralisés), des organisations internationales et des ONG, et repose sur un mécanisme politique et technique mis en place au niveau national, avec une Coordination Nationale de Sécurité Alimentaire (CNSA), sous la tutelle du ministère de l’agriculture qui n’arrive à assurer une coordination d’ensemble.

L’autre défi réside dans l’insécurité juridique du dispositif, qui n’est pas consolidée par des textes. Plusieurs documents, tels que l’élaboration du Plan National de Sécurité Alimentaire, ou encore la rédaction de la Politique Nationale de Souveraineté et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNSSAN), ne sont toujours pas finalisés. A cela s’ajoute des textes de lois différents votés par chacune des chambres sur la souveraineté et la sécurité alimentaire et nutritionnelle – donc non applicables.

En ce sens, plusieurs recommandations ont été faites dans le cadre de cet audit parmi les suivantes:

1. Faire de la SAN une politique publique complète dotée de tous ses instruments

Cette politique nationale devrait être accompagnée d’un plan d’action opérationnel dans une optique de Gestion Axée sur les Résultats (GAR) comprenant une cartographie de tous les acteurs publics et privés, nationaux et internationaux, y inclus les partenaires techniques et financiers, avec un schéma institutionnel, organisationnel et des mécanismes de gouvernance . Elle devra également tenir compte du  panorama des sources de financement et des modalités de l’exécution de la dépense,

2. Redonner aux trois ministères régaliens, MICT, MEF et MPCE, un rôle plus affirmé et visible

Cet axe permettra entres autres de redonner au Délégué les moyens d’exercer sa mission de coordonnateur des politiques publiques territorialisées en dépolitisant et en professionnalisant la fonction, et de favoriser une déconcentration de la gouvernance de la SAN.

3. Elargir le cercle des acteurs institutionnels de la SAN à 4 autres ministères techniques que sont le MDE (gestion des ressources et de l’environnement), le MTPTC (infrastructures de transport), le MCI (PME et TPE commerciales et industrielles, notamment agro-alimentaires, protection des consommateurs, respect des normes et standards internationaux) et le MENFP (santé scolaire, pédagogie, recherche en SAN et Programme National des Cantines Scolaires).

4. Choisir le schéma institutionnel optimal  pour une bonne gouvernance de la SAN. Il s’agit de mettre en place le système multi-acteurs le plus approprié, capable de coordonner les différentes interventions en matière de SAN entre les acteurs nationaux, incluant les services déconcentrés et décentralisés, et internationaux.

5. Concevoir et concrétiser une structure de coordination rénovée, capitalisant plus de 20 ans d’expérience, depuis le projet de « BUCOPSAA » de 1996 à la CNSA vers l’ONASSAN, (Office National de la Souveraineté et de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle), avec : une série de mesures prévoyant une base juridique solide ; une tutelle intersectorielle affirmée au niveau du Premier ministre ; des relations de travail suivi avec les ministères partenaires,  une optimisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour réduire les distances, désenclaver, relier, assurer la communication etc. (MTPTC / CONATEL) et un appui de l’OMRH pour favoriser la synergie des efforts de modernisation des ministères, tant en matière d’administration publique (structures) qu’en matière de fonction publique (ressources humaines) et pour valoriser les bonnes pratiques.

La sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN) demeure un défi majeur en Haïti, une préoccupation pour l’Etat haïtien et l’une des priorités de la coopération de l’Union européenne en Haiti, en raison de l’accélération continue de l’insécurité alimentaire depuis le séisme, de la forte prévalence de l’insécurité alimentaire (38% des ménages) ainsi que d’une malnutrition chronique (23,4% des enfants entre 6 et 59 mois) en République d’Haïti. Par ailleurs, l’insécurité alimentaire à l’échelle nationale touche à peu près 4 millions de personnes dont une partie importante vivant dans des conditions très précaires.

– FIN –

Noela Bonhomme

Officier de politique et de communication| Section Presse, politique et information|Union Européenne |Délégation en République d’Haiti

( + 509 29 49 49 49  | * 19, Rue Borno – Petion-Ville  – B.P. 15588, PV HT6140  – République d’Haiti |Email:noela.bonhomme@eeas.europa.eu

 

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